Tel le président d’un club de football, Hafedh Caïd Essebsi exhibe les nouvelles «recrues» de Nidaa Tounes comme un butin de guerre. La chasse est trop maigre.
Par Abderrazek Krimi
Le parti Nidaa Tounes (faction de Hafedh Caïd Essebsi) a tenu hier, dimanche 12 mars 2017, le conseil de ses cadres à Gammarth, dans la banlieue nord de Tunis, marqué par la présence de plusieurs figures politiques nouvellement recrutées par le parti et le retour d’autres qui l’avaient quitté récemment avant de revenir à de meilleurs sentiments.
Parmi ces nouvelles «recrues», les deux anciens dirigeants de l’Union patriotique libre (UPL) Mohsen Hassan et Maher ben Dhia, respectivement anciens ministres du Commerce et de la Jeunesse dans le gouvernement d’Habib Essid (2015-2016).
Autres nouvelles «recrues» : Majdoline Cherni, l’actuelle ministre de la Jeunesse et des Sports, Samir Abdelli, candidat à la présidentielle de 2014, et Samir Laabidi, ancien ministre de la Communication sous le régime de Ben Ali.
Était également présents à la réunion, le cheikh Ferid El-Beji, qui semble afficher lui aussi des ambitions, la confusion entre religion et politique étant, on le sait, une carte gagnante. Le parti islamiste Ennahdha, membre de la coalition gouvernementale, nous en donne la plus éloquente illustration.
Le conseil des cadres de Nidaa Tounes a enregistré, en outre, le retour au bercail du député Mondher Belhadj Ali, une veille girouette politique, qui a démissionné du parti pour rejoindre Machrou Tounes, regroupant des dissidents de Nidaa autour de Mohsen Marzouk, avant de prendre ses distances, parce qu’il n’a pas supporté le leadership de fait de ce dernier.
On a vu aussi Khaled Chouket, l’islamiste de service de Nidaa, qui n’a jamais quitté le parti mais s’en est un peu éloigné quand il a occupé le poste de porte-parole du gouvernement Essid.
Hafedh Caïd Essebsi, chef autoproclamé de Nidaa, qui était aux anges, a voulu, par ces «recrutements» en série, renforcer son effectif, qui a beaucoup perdu de sa superbe, et adresser un message à ses détracteurs, notamment suite à l’enregistrement fuité de la réunion du comité exécutif du 27 février dernier, qui a provoqué une tempête sur la scène politique.
À l’issue de la conférence des cadres, Sofien Toubel, président du bloc parlementaire de Nidaa Tounes, a tenu un point de presse où il a annoncé le ralliement d’une quarantaine de personnalités nationales, dont Alifa Farouk, l’ancienne médiateur administratif sous Ben Ali, ou encore Ridha Bouajina, élu 3 fois membre du comité central du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), l’ancien parti au pouvoir sous Ben Ali, dissous en 2011.
Slim Chaker et Mondher Belhaj Ali.
C’est un renfort de taille pour un parti qui a laissé, dans l’expérience du pouvoir, beaucoup de plumes. La question est de savoir si ces ralliements seront suffisants pour rendre au parti la popularité qui l’a propulsé au pouvoir, lors des présidentielles et des législatives de 2014. Et si en avec de tels «recrutements», il pourrait aborder l’épreuve des prochaines élections municipales avec plus de sérénité.
Quoi qu’il en soit, et quelle que soit la qualité des «recrutements», qui ne vole pas très haut, Nidaa Tounes ne va pas cesser du jour au lendemain de présenter la face hideuse d’un parti arrivé à un état avancé de déliquescence morale et de nullité politique.
Parions qu’on commencera, dès demain, à compter les nouveaux départs. Wait and see…
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