L’organisation I Watch a tenu, mardi 18 avril 2017, une conférence de presse pour mettre la lumière sur ce qui est devenu l’affaire « I Watch – Nessma TV ».
Par Abderrazek Krimi
L’affaire a été déclenchée, dans la nuit de dimanche à lundi 17 avril, avec la diffusion sur la toile d’un enregistrement fuité d’une séance de travail qui a réuni Nabil Karoui, patron de la chaîne de télévision privée, avec son staff. Dans cette réunion, Karoui demande à ses collaborateurs de salir l’image de l’organisation de lutte contre la corruption et toute son équipe par tous les moyens, notamment par la diffamation, l’insulte et le mensonge.
La conférence de presse a été organisée par I Watch en réaction à cette attaque, qui a transgressé toutes les règles de la moralité publique et de l’éthique journalistique.
Evasion fiscale et corruption financière
Achraf Aouadi, président de l’organisation, a, d’entrée, mis l’accent sur le caractère systématique et intentionnel de la campagne de dénigrement annoncée par Nabil Karoui dans l’enregistrement fuité, montrant, à l’appui de son accusation, un reportage vidéo déjà diffusé par la chaîne, en juillet 2016, suite à la publication d’un rapport d’investigation de l’organisation relatif à la société Nessma Podcast, détentrice des actions de la chaîne Nessma, soupçonnée d’évasion fiscale et de corruption financière et administrative.
Achraf Aouadi a annoncé, par ailleurs, la décision du ministère public qui, sur la demande du ministre de la Justice Ghazi Jeribi, a ouvert, mardi matin, une enquête sur l’affaire «Nessma-I Watch».
Pour sa part, le pôle judiciaire financier a convoqué l’organisation pour l’auditionner en tant que témoin dans l’affaire de corruption et autres accusations qu’elle a portées contre la chaîne de télévision.
Achraf Aouadi est revenu ensuite sur les péripéties du conflit opposant son organisation à la chaîne Nessma. Suite au reportage de 20 minutes diffusé par celle-ci en juillet 2016, où les fausses allégations et les diffamations contre I Watch étaient déjà à l’œuvre, l’organisation a réclamé un droit de réponse, qui lui a été refusé, malgré la décision en référé du tribunal de première instance de Tunis obligeant Nessma à accorder ce droit à I Watch.
Jusqu’à cette dernière péripétie, l’organisation a traité avec Nessma comme un organe de communication, mais à partir de ce moment, elle est devenue, au regard de I Watch, «une organisation criminelle», a annoncé Achraf Aouadi, laissant entendre par là que son organisation cesserait de traiter avec la chaîne sur la base des décrets-lois 115 et 116 encadrant le travail des professionnels de l’information et régulant la communication audiovisuelle, mais plutôt sur la base du code pénal, seul susceptible de sanctionner par la privation de la liberté les abus criminels des frères Nabil et Ghazi Karoui. Il a, dans ce cadre, fait part de sa crainte des menaces que font peser ces derniers sur la sécurité et l’intégrité physique du personnel travaillant pour I Watch.
«Les corrompus ne sont pas intouchables»
D’autre part, Achraf Aouadi a exprimé son étonnement du silence de la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) vis-à-vis de la demande de droit de réponse réclamé par l’organisation, car bien qu’avisée à plusieurs reprises de cette demande, elle n’y a donné aucune suite.
Aouadi a, en outre, dénoncé ce qu’il a qualifié de «pratiques graves» visant à pirater les serveurs et le site web d’I Watch, exhortant les différentes composantes de la société civile à former un bloc contre le retour de telles pratiques d’élimination des adversaires par les campagnes de diffamation, qui, selon ses dires, «rappellent une époque qu’on croyait révolue», par allusion à la dictature de Ben Ali.
Dans ce cadre, Aouadi a réitéré sa confiance dans les institutions de l’Etat, dans la justice et dans la capacité de la société civile à se dresser contre de telles pratiques, appelant celle-ci à agir et à briser le mur du silence et de la crainte, animée en cela par l’espoir alimenté par les batailles déjà gagnées contre la corruption. «Les corrompus ne sont pas intouchables», a-t-il conclu.
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