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Etrangers de Daêch rentrés dans leurs pays : 14% sont Tunisiens

Sur les 5600 combattants étrangers de Daêch qui sont revenus dans leurs pays, 800 sont Tunisiens, soit un peu plus de 14% du total.

Par Marwan Chahla

L’organisation terroriste de l’Etat islamique (EI, Daêch) a perdu du terrain en Irak et en Syrie et ses troupes ont fui les zones de guerre. Ces «revenants» posent de sérieux problèmes.

Selon le Soufan Center, pas moins de 5600 de ces combattants étrangers de Daêch sont repartis vers leurs pays. Et ce chiffre comprend 800 djihadistes de Tunisie – soit un peu plus de 14% du total des djihadistes revenus à leurs pays, après avoir servi la cause terroriste en Irak et en Syrie.

L’étau se resserre sur le «califat»

Le Soufan Group, un think-tank américain et cabinet de conseil en renseignement sécuritaire basé à Washington, met en garde contre ces «revenants» – dont la plupart ont été judiciarisés, sont actuellement sous les verrous ou ont pu tout simplement disparaître dans la nature. Selon les chercheurs du Soufan Center, ces personnes, «terroristes une fois terroristes toujours, représenteront, dans les années à venir, un danger sécuritaire très sérieux pour leurs pays et les autres pays, également.»

Certes, l’EI a perdu des pans entiers de ce qui constituait son «califat», proclamé en juin 2014, et qui lui a permis d’attirer plusieurs milliers de combattants venus des quatre coins de la planète, mais l’organisation terroriste n’a pas dit son dernier…

Selon l’étude du Soufan Center, dont les résultats ont été publiés le mois dernier, l’afflux des combattants étrangers vers les zones de conflit syrienne et irakienne a pratiquement cessé vers la fin de 2015, c’est-à-dire à partir du moment où Daêch, soumis à l’offensive de la coalition internationale, a commencé à subir des revers militaires successifs et que de nombreux Etats se sont résolus à mettre en application des restrictions de voyage plus sévères, empêchant ainsi leurs candidats au djihad de rejoindre les rangs de Daêch ou rendant le déplacement de ces terroristes plus difficile.

Les données récupérées par le Soufan Center, à la suite de la chute de centres administratifs du groupe terroriste, comme celui de Raqa par exemple, ont confirmé l’identité de 19.000 personnes sur le total des 40.000 combattants originaires de 110 pays qui se sont déplacés en Irak et Syrie pour renforcer les rangs de l’EI. Cependant, ces données n’indiquent pas avec précision ce qu’il est advenu de toutes ces personnes.

S’appuyant sur les chiffres que lui ont fournis les gouvernements de 33 pays, le Soufan Center estime que 5600 combattants étrangers sont, à ce jour, rentrés dans leurs pays d’origine. Ce nombre comprend 400 sur les 3417 djihadistes venant de Russie; 760 sur les 3244 combattants originaires d’Arabie saoudite; 800 sur les 2926 djihadistes tunisiens; et 271 sur les 1910 volontaires au djihad en provenance de France.

«Garder bien vivante la flamme djihadiste»

Résumons: La Tunisie aurait récupéré la plus importante proportion de ses djihadistes, avec 27,34%; vient ensuite l’Arabie saoudite, avec 23,42%; suivie par la France (14,18%) et la Russie (11,7%).

Si l’on ajoute à ces chiffres déclarés ce que les enquêteurs du Soufan Center appellent «les nombres incalculables» de combattants de Daêch – c’est-à-dire ces djihadistes venant d’autres pays et au sujet desquels les informations sont peu fiables –, il y a vraiment lieu de s’inquiéter sérieusement.

«Bien qu’il existe un désaccord quant au danger que le retour de ces djihadistes représente pour leurs pays de résidence, leurs pays d’origine, ou pour les autres pays qu’ils traversent, il est indéniable, par contre, que certains d’entre eux n’abandonneront jamais leur djihadisme violent», notent les enquêteurs du Soufan Center.

Le rapport avertit qu’au moment où le territoire du «califat» se rétrécit et que son existence même est de plus en plus reniée, il est fort probable que les dirigeants de Daêch fassent de plus en plus appel à des sympathisants à l’étranger, y compris parmi les djihadistes revenants, «afin de garder bien vivante la flamme» du djihadisme.

«Ces revenants peuvent être vulnérables au contact de la part d’autres personnes qui ont été membres du réseau qui les avait recrutés, ou à des appels à l’aide d’anciens compagnons d’armes», lit-on dans le rapport du Soufan Center.

Autre détail crucial sur lequel l’enquête met l’accent: le cas des épouses et des enfants des djihadistes constitue un problème particulier. Ces personnes – qui ont été impliquées par conviction ou contre leur gré dans le djihad, directement ou indirectement dans la violence du djihad – devront être réintégrées. Les pays d’accueil de cette catégorie particulière de revenants devront fournir à ces derniers, notamment les enfants, une assistance psychologique et sociale adéquate.

Le Soufan Center a indiqué que le gouvernement tunisien a révisé à la baisse le contingent des djihadistes tunisiens qui ont rejoint les rangs de Daêch, de 6000 en 2015 à 2920. Cette rectification des chiffres tunisiens implique que, désormais, c’est la Russie qui serait le premier pays exportateur de terroristes (3417), l’Arabie saoudite occuperait le 2e rang (3244), la Jordanie serait 3e (3000), la Tunisie serait 4e (2926) et la France en 5e position (1910).

Lire le rapport intégral. 

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