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Ramadan : Les « fattaras » seront-ils plus tolérés en Arabie Saoudite qu’en Tunisie ?

Alors que le débat bat son plein en Tunisie, où une circulaire de 1981, soutenue par les dirigeants du parti islamiste Ennahdha, interdit l’ouverture des cafés et des restaurants lors de la période du jeûne de ramadan, l’Arabie Saoudite émet une circulaire défendant les libertés des « fattaras » (non-jeûneurs).

Par Yüsra Nemlaghi

C’est sur les instructions du Prince héritier, que le ministre de l’Intérieur saoudien a adressé un courrier à tous les districts de police du royaume, pour demander aux agents de ne pas importuner les non-jeûneurs, aussi bien ceux qui mangent en cachette que ceux qui le font publiquement, «et ce par respect des droits de l’homme que dieu nous demande également de respecter». Cette décision annule toutes celles antérieures relative à cette même question, indique encore le texte dudit courrier partagé depuis hier sur les réseaux sociaux et qui alimente un débat dans tout le monde musulman.

Le pays des wahhabites, qui n’a toujours pas respecté jusque-là les libertés et les droits de l’homme, dans leur acception universelle, se donne soudain des postures de défenseur des libertés et des droits. Est-ce pour faire oublier leur bilan catastrophique dans ce domaine : répression des intellectuels, des femmes, des minorités religieuses, pouvant aller jusqu’à la liquidation physique ou la lapidation, comme dans le cas des opposants et des femmes adultères.

L’Arabie saoudite est le pays au monde où, selon Amnesty International, on a compté, depuis janvier 2019, au moins 104 exécutions, dont au moins 44 étrangers. En 2018, ce pays a fait exécuter 149 personnes.

Cette circulaire, si tant est qu’elle soit authentifiée, tombe à une période où, comme chaque année, en Tunisie un débat fait rage sur le droit des non-jeûneurs, question sur laquelle les dirigeants d’Ennahdha se montrent intransigeants : «Non à l’ouverture des cafés et des restaurants pendant le jeûne, cela est contraire aux lois de l’islam. Ce serait un manque de respect pour ceux qui font ramadan», disait récemment Noureddine Bhiri, président du bloc parlementaire du parti islamiste, dans une déclaration à Express FM.

Bien qu’il n’y ait pas encore eu (nous sommes au troisième jour de Ramadan) de descente de police dans les cafés et les restaurants ouverts durant la journée, l’existence même de la circulaire de 1981 est, en elle-même, en contradiction avec la constitution tunisienne de 2014, qui garantit la liberté de croyance et de culte.

Il faut cependant rappeler qu’en l’absence d’une réaction de l’Assemblée, dominée par les islamistes, le gouvernement a envoyé, cette année, un courrier à tous les gouverneurs leur demandant de permettre aux cafés et restaurants situés dans les zones touristiques et commerciales de rester ouverts dans la journée pendant toute la durée de ramadan.    

Selon une source officielle, il a été décidé de ne plus importuner les non-jeûneurs dans les lieux publics. Pourvu qu’il n’y ait pas des dépassements ! 

Le dirigeant d’Ennahdha Noureddine Bhiri contre les libertés et l’égalité des droits

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