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Tunisie – ARP : Les raisons du rejet de la motion du PDL

Alors que toutes les forces politiques tunisiennes scandent haut et fort leur refus des interventions étrangères dans les affaires libyennes internes, la motion du Parti destourien libre (PDL) visant, justement, à rejeter de telles ingérences a été rejetée. Cela paraît paradoxal voire hypocrite, mais il y a une explication logique à ce rejet.

Le fait que Abir Moussi, présidente du PDL, soit à l’origine de l’initiative est évidemment une raison suffisante pour que la motion soit rejetée par les blocs islamistes du Parlement, à savoir ceux d’Ennahdha et de la coalition Al Karama.

Mais qu’en est-il des autres ? Pourquoi le Courant démocrate (Attayar), par exemple, a-t-il refusé de soutenir cette motion ?

La raison est probablement celle qui a été avancée par le chef du bloc Al Karama, Seifeddine Makhlouf, lors de la plénière : en répondant favorablement à la demande de Qalb Tounes de ne pas citer la Turquie et le Qatar dans la motion (comme étant les deux seuls pays qui s’ingèrent de la guerre libyenne), le PDL a remplacé la phrase où il mentionne ces deux nations par une autre qui a, implicitement, la même signification.

Le PDL a, en effet, fait référence, dans la version mise à jour, au 1er point de la décision du Parlement arabe rendue au Caire le 15 janvier 2020, qui condamnait la décision du Parlement turc d’envoyer des forces militaires en Libye. Sachant que rien que le 2e point de la décision du Parlement arabe évoquait «un rejet catégorique de toute ingérence étrangère en Libye».

Abir Moussi a donc finalement préféré appliquer une manipulation malintentionnée du texte de la motion, tout en prétendant lui avoir apporté l’amendement demandé. Elle voulait, jusqu’au bout, se contenter de condamner l’intervention turque en Libye, tout en sachant qu’il y a d’autres pays, soutenant l’autre axe, celui du maréchal Khalifa Haftar, qui s’ingèrent de la guerre libyenne ou qui souhaitent le faire.

Moussi a évidemment le droit de soutenir un axe en particulier ou de ne pas être totalement neutre face aux deux parties du conflit libyen, pour une raison ou pour une autre. Cependant, ce qui est regrettable c’est qu’elle n’a pas pleinement assumé sa position et qu’elle a préféré faire preuve de mauvaise foi pour l’imposer.

Elle a ainsi commis les mêmes méthodes que les islamistes d’Ennahdha et d’Al Karama qui prétendent, eux aussi avec beaucoup de mauvaise foi, la neutralité vis-à-vis du conflit libyen alors qu’ils soutiennent tapageusement le gouvernement de Fayez Sarraj, pour des raisons idéologiques évidentes.

Cherif Ben Younès

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