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Santé: Recommandations aux diabétiques qui veulent faire le ramadan

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Le diabétique peut-il gérer le jeûne du lever au coucher du soleil et les excès alimentaires le soir? Quels sont les risques? Que dit la religion? Que recommandent les experts de la santé?

Par Zohra Abid

Des médecins et professionnels de la santé ont essayé de répondre à toutes ces questions, lors d’une conférence sur «Le Diabète et Ramadan», mardi 12 mai 2015, à Tunis, organisée par les laboratoires Novo Nordisk, en collaboration avec l’Amicale des diabétologues, et en marge de la campagne de sensibilisation et de dépistage du diabète, qui a débuté le 14 mai à Tunis et dans sa banlieue nord, alors que le mois de ramadan approche: il doit en effet commencer vers la mi-juin.
Jeûne et ramadan font deux

Parler du diabète sur le plan médical et religieux à quelques semaines de ramadan intéresse les Tunisiens. Car la question des vertus (et impacts) du jeûne sur la santé revient tous les ans à pareille époque. Il est, en effet, important de rappeler les risques du jeûne sur la santé des diabétiques, alors que la prévalence de cette maladie chronique et difficile à contrôler, malgré les progrès de la médecine et l’accès aux soins, continue à augmenter, en Tunisie et dans le monde.

Dr Nejib Ben Abdallah a donné le ton en affirmant que «le diabétique n’a aucun choix sauf d’adapter son traitement à sa ration glucide». Et d’ajouter que la consommation de certains aliments sans modération aucune, comme les briks, les fritures et les gourmandises, provoque un déséquilibre accrue ainsi que des complications pour les personnes vivant avec le diabète. «Le jeûne prolongé est également associé à des risques de complications. En pratique, un diabète déséquilibré ou un traitement difficile à modifier sont des contre-indications pour le jeûne du ramadan», a encore averti le diabétologue.

Le diabète en chiffres

En 2013, le taux de prévalence du diabète en Tunisie a été estimé par la Fédération internationale de diabète à 9,23% pour la population âgée de 35 ans à 70 ans, très proche du taux mondial estimé à 9% des adultes âgés de plus de 18 ans.

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) prévoit qu’en 2030, le diabète sera la 7e cause de décès dans le monde et prévient de la nécessité d’un régime alimentaire sain, d’une activité physique régulière, du maintien d’un poids normal et de l’arrêt du tabac pour retarder au maximum l’apparition du diabète de type 2.

Selon une enquête Ipsos, réalisée 2010, 46% des personnes interrogées étaient d’accord que le jeûne n’est pas recommandé aux diabétiques, alors que 21% n’étaient pas d’accord, même s’il y a risque, et 33% étaient sans réponse. Les spécialistes, quant à eux, préfèrent ne pas trop s’engager, en conseillant aux diabétiques de consulter un médecin avant de se mettre au jeûne afin de ne courir aucun risque.

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Médecins et théologiens sont unanimes: la santé et la religion ne doivent pas être en contradiction.

Que dit la religion?

Cheikh Amor Ben Amor a indiqué, de son côté, que sur le plan religieux, il n’y a aucun problème. Le jeûne est, selon lui, une affaire personnelle et quand on est malade, la décision de jeûner ou pas reste personnelle. Reste qu’un diabétique doit se garder d’aggraver sa situation. «Faire ramadan est un choix personnel qui dépend de l’état de santé de la personne et de l’évolution de son diabète. En cas de jeûne, on doit respecter la prescription du médecin traitant», explique le théologien. Il ajoute : «Le Coran prévoit des exceptions au jeûne pour les personnes malades. Il y va de leur santé. Une personne malade est autorisée à ne pas faire ramadan, mais il doit, en revanche, nourrir, chaque soir, un démuni et ceci pendant tout le mois du jeûne».

Que recommandent les spécialistes?

Pour les spécialistes de la santé, le changement du mode de vie, du rythme du sommeil et des habitudes alimentaires peuvt aggraver la situation des diabétiques. Car il y a risque d’hyperglycémie qui devient 5 fois plus importante pendant le mois du jeûne. Le risque d’hypoglycémie est 7,5 fois plus important pendant ce mois et des répercussions négatives risquent de perturber davantage la santé du diabétique. A ce propos, le spécialistes sont unanimes: «Pendant le mois de ramadan, la prise en charge du diabète est une affaire très complexe».

«Un diabétique peut jeûner, à titre d’essai, pendant 3 jours, et consulter son médecin au moins un mois avant ramadan», a conseillé Dr Saber Dkhili.

Hend Bouzgarrou, responsable à Novo Nordisk, a annoncé, pour sa part des journées de sensibilisation et de dépistage, les 14 et 15 mai courant de 9H00 à 17H00, à l’avenue Habib Bourguiba, devant le Théâtre municipal, et les 23 et 30 mai, au centre commercial Carrefour, en face du magasin Mango, de 9H00 à 17H00.

Un staff de spécialistes du diabète donnera gratuitement des conseils éducationnels, thérapeutiques et nutritionnels.

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