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Bourse : La société des AMS affiche sa bonne santé

AMS-Présentation-à-la-BourseMalgré la conjoncture économique encore difficile dans le pays, la société des Ateliers mécaniques du Sahel (AMS) s’en sort plutôt bien. Et fait des projets d’extension.

Par Zohra Abid

C’est ce qu’a annoncé Adel Bahrouni, Pdg des AMS, lors de la communication financière de la société, présentée aux intermédiaires en Bourse et analystes financiers, mercredi 27 mai 2015, au siège de la Bourse de Tunis, aux Berges du Lac II.

Le boulet de fer du marché parallèle

Avant la présentation du bilan de la société, fondée par l’Etat en 1962, rachetée par le Groupe Loukil en 2008 et introduite en Bourse en 2012, Bassem Loukil, Pdg du Groupe Loukil, a passé en revue les difficultés rencontrées en 2013 et 2014 par la société qui est néanmoins parvenue à s’imposer par la qualité de ses produits.

AMS-SousseBassem Loukil: «Il faut serrer les vannes du marché parallèle».

«Le marché parallèle a beaucoup affecté nos activités ces dernières années. Il faut serrer les vannes de ce marché pour que nous puissions redresser la pente. N’empêche, nous avons pu bien gérer la situation et les chiffres de la société ont doublé. Ils n’ont rien à voir avec ceux de 2007», a précisé Bassem Loukil, qui avait autre chose à dire aux présents, qui lui était restée en travers de la gorge. Il n’a pas encore compris, en effet, les raisons ayant poussé l’ex-chef du gouvernement Mehdi Jomaa à passer des commandes de l’Etat, notamment pour le compte de la Steg, à des entreprises en Turquie et en France, et à ne pas favoriser les sociétés nationales. «M. Jomaa nous a dit qu’il appliquait tout simplement les recommandations de la FMI. On apprendra par la suite que les produits achetés à l’étranger sont basiques et que la société française ayant gagné le marché est une société écran opérant pour le compte d’une société chinoise de très mauvaise réputation. Et pour cause: ses produits sont du poison et l’Etat les achète en devises», a déclaré M. Loukil.

Le gouvernement Essid redonne espoir

Des hommes d’affaires ont rencontré l’actuel chef du gouvernement Habib Essid au lendemain de la prise de ses fonctions pour lui expliquer leur malaise. «Nous lui avons présenté un bilan de nos activités et de nos difficultés. Certaines de nos sociétés risquent de fermer si le marché parallèle continue à gangréner l’économie du pays. Plus de 50% des produits vendus en Tunisie proviennent du marché parallèle. Ils sont vendus dans des étalages anarchiques à même le sol. Certains sont toxiques et dangereux pour la santé», a expliqué M. Loukil.

AMS-Sousse-2Les raisons du succès des AMS résident dans un audacieux plan de restructuration.

«Nous avons parlé aussi des commandes que l’Etat a passées à des entreprises étrangères, alors que nos produits de moyenne gamme sont souvent meilleurs. M. Essid s’est montré très compréhensif et a jugé inadmissible cette situation. Ce qui nous a rassurés. Depuis 2 mois, nous avons senti un début de changement. Il y a une lueur d’espoir. L’année 2015 sera meilleure, comme par magie. Cela apportera un peu d’oxygène aux entreprises nationales», a conclu le Pdg du Groupe Loukil.

Le décollage en chiffres

Selon Adel Bahrouni, les raisons du succès des AMS résident dans un audacieux plan de restructuration mis en place depuis 2008 et accompli en 2010, avec un programme d’investissement de 5 millions de dinars (MDT).

«A travers ces investissements, la société a pu doubler son chiffre d’affaires en 5 ans. Celui-ci est, en effet, passé de 15,7 MDT en 2007 à 31,3 MDT en 2012. L’augmentation des ventes est le fruit de la montée en puissance de la capacité de production au niveau de la robinetterie et de l’activité des couverts de table. On a aussi renouvelé la ligne de la fonderie et estampage, de la fabrication des robinets bouteille à gaz, de la ligne de chromage et de montage de robinetterie, de l’atelier couvert de table et argenterie», a précisé le Pdg des AMS, qui s’enorgueillit du marché récemment conclu avec la Sonede. «Il s’agit d’une commande de 84.000 compteurs d’eau pour une valeur de 3MDT. Ce nouveau marché va nous ouvrir des horizons d’extension de nos activités, notamment au Sénégal, en Côte d’Ivoire et en Mauritanie», a-t-il ajouté.

AMS-Sousse-3«L’augmentation des ventes est le fruit de la montée en puissance de la capacité de production».

Poursuivant son envol, la société des AMS a remporté, au début de 2015, d’autres appels d’offres, comme ceux relatifs à la fourniture de robinets de bouteilles à gaz pour une valeur de 1,6 MDT, d’articles de branchement d’eau pour une valeur de 1,3MDT et de couverts de table pour une valeur de 0,2 MDT.

Plan d’assainissement social

Passer de l’étatique au privé n’est pas une tâche facile. Il a fallu, dès le départ, mettre en place un plan de réorganisation totale. Pour cela, 3 plans d’assainissement social se sont imposés. «En 2009, il y a eu le départ à la retraite anticipée de 115 employés avec un coût de 1,8 MDT et un gain en charges salariales de 1,6MDT. En 2012, il y a eu le départ à la retraite anticipée de 139 autres employés. Cette opération a coûté 3MDT avec une économie de charges salariales annuelle de 2,2 MDT. Et la 3e phase a été achevée en mars dernier avec le départ de 80 employés, ce qui a coûté à la société 2,7MDT, mais le gain annuel sur les charges du personnel a été de 1,5MDT», a précisé M. Bahrouni.

AMS-Sousse-4Les produits tunisiens sont très compétitifs sur la moyenne gamme.

«Sans cet assainissement social, la masse salariale aurait atteint 12 MDT à la fin de 2015, contre 7,7 MDT à la clôture de l’an 2014. En outre, grâce à ces opérations, la moyenne d’âge des employés est passée de 44 ans en 2007 à 32 ans en 2015. Nous comptons actuellement 451 employés dont 88 apprentis et contractuels», a conclu M. Barhoumi.

Pour les AMS, les choses semblent être sur la bonne voie et le meilleur reste donc à venir. «Nous serons heureux de vous accueillir sur place pour que vous constatiez de vous-même le grand changement dans le bâtiment, qui s’étend sur plus de 72.000 m2 et dispose d’un parc machines très étoffé, allant des conventionnelles à celles à commandes numériques. Nous avons pris une société des années 1960. Aujourd’hui, elle est de 2015», a lancé Bassem Loukil, en guise de conclusion, en réprimant, par humilité, un immense sentiment de fierté.

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