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Des mesures courageuses pour sauver la Tunisie

Attentat-de-Sousse

Lettre ouverte au président de la république, Béji Caïd Essebsi, après l’attentat terroriste de Sousse.

Par Raouf Dakhlaoui*

Monsieur le Président,

Un nouvel attentat vient de frapper notre pays.

Nous commencions à peine à nous relever des blessures causées par l’attentat du 18 mars dernier au Bardo. Cet attentat avait mis notre économie, déjà poussive, à genoux. En effet, d’une part, de nombreux investisseurs ont pris la poudre d’escampette pour s’installer dans des pays à environnement moins dangereux comme le Maroc; et d’autre part, le secteur du tourisme a été frappé de plein fouet en faisant fuir les touristes. Je ne crois pas inutile de vous rappeler, monsieur le président que plus d’un million et demi de nos compatriotes vivent du tourisme de manière directe ou indirecte.

Monsieur le président, il est de notoriété publique que les mouvements terroristes ont proliféré dans notre pays depuis l’arrivée du parti Ennahdha au pouvoir. Représentés par des groupuscules violents, ces mouvements ont été encouragés et justifiés par le pouvoir nahdhaoui dont le chef, Rached Ghannouchi, avait déclaré que ces gens (les extrémistes) n’étaient pas des extra terrestres et qu’ils lui rappelaient sa jeunesse. D’autres dirigeants du même parti avaient déclaré que les «jeunes» qui s’entrainaient sur le Mont Chaambi n’étaient là que pour faire du sport.

Les déclarations de ce genre sont légion et il serait fastidieux de les énumérer ainsi que les accusations d’apostasie contre des dirigeants ou les menaces de l’ex-député Habib Ellouze à l’encontre de Chokri Belaïd, peu de temps avant l’assassinat de ce dirigeant de gauche.

En outre, la situation sociale catastrophique, entretenue par des revendications aussi délirantes qu’antinationales, ne cesse de miner une économie en manque d’air. De nombreux travailleurs se débattent dans une situation difficile, mais conseillés par des gens qui ne pensent qu’à leur intérêt propre, ils mènent un combat injuste contre un Etat qui lutte pour trouver des remèdes à la crise.

Monsieur le président, nous étions nombreux à vous considérer comme l’homme de la situation et vous avons élu à la tête de l’Etat pour remettre le pays sur les rails et vous opposer à l’obscurantisme et au terrorisme représentés par Ennahdha et ses alliés.

Monsieur le président, nous vous avons élu pour apaiser notre pays et regarder dans la direction du progrès et du bonheur.

Nous avons rapidement déchanté et douté quand vous avez fait alliance avec les terroristes d’Ennahdha et les affairistes mafieux de l’UPL.

Mais notre nature optimiste nous a fait occulter le fait que tous ces nouveaux alliés cherchaient aussi l’impunité pour tous les crimes qu’ils ont commis.

Rassurés, les terroristes se sont remis au travail et nous en subissons tous les conséquences.

Aujourd’hui, il est temps de passer à l’acte et des mesures courageuses doivent être prises. Permettez-moi, monsieur le président, de vous en suggérer quelques unes:

– changez le gouvernement en en éliminant les terroristes et les mafieux;

– à défaut d’une nouvelle loi anti-terroriste, appliquez celle, existante, de 2003, et suspendez, en attendant de l’interdire, les partis Ennahdha, Ettahrir et autres mouvements extrémistes, en poursuivant leurs dirigeants devant les tribunaux de la république. Interdisez tous les partis religieux pour leur non-conformité à la constitution;

– dissolvez toutes les associations finançant le terrorisme activement et passivement comme les Ligues de protection de la révolution (LPR) ou les diverses associations ayant bénéficié de fonds publics et ce, à coups de milliards, et faites jugez leurs dirigeants;

– agissez au niveau des mosquées qui ne cessent d’appeler à la haine et à l’assassinat et faites punir les prédicateurs terroristes;

– nettoyez l’administration tunisienne de tous les pourris qui entravent sa bonne marche et qui font de la corruption la clé de tous les dossiers. La majorité des fonctionnaires sont consciencieux et travailleurs, mais ils sont salis par une minorité de profiteurs nourris par le régime de Ben Ali et gavés après s’être laissé pousser la barbe;

– enfin, donnez des ordres afin que ceux qui veulent une Tunisie propre ne soient plus empêchés de travailler et faire aboutir leurs dossiers  et que ceux qui se sont rapidement enrichis justifient leur fortune subite.

Monsieur le président, pour éradiquer le mal, il faut couper les racines; frappez, frappez fort. Ce n’est qu’ainsi que nous arriverons, peut-être, à surmonter la crise profonde que nous vivons.

Il faudra sûrement beaucoup de sacrifices, mais nous les ferons si vous engagez notre pays dans la bonne direction.

* Libraire.

Illustration: Victime de l’attentat d’El-Kantaoui, Sousse (26 juin 2015).

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