Le concert de la chanteuse américaine Lauryn Hill, mardi dernier, à Carthage n’a pas été un bide, comme on l’avait craint un moment. Au contraire…
Par Hamadi Abassi
D’abord, il y a eu une forte affluence de spectateurs à l’amphithéâtre romain de Carthage pour une rencontre fortement attendue par les fans de l’icône de la musique rap et soul, véritable star des ventes dont l’album ‘‘The Miséducation of Lauryn Hill’’ fut sélectionnée aux Grammy Awards et classé, par ‘‘Rolling Stone Magazine’’, parmi les meilleures ventes de tous les temps, dans la catégorie ‘Women Who Rock’.
Une entrée en scène houleuse
Après un très long retard inexpliqué, l’artiste, qui devait commencer son show à 22 heures, est montée sur scène vers minuit, sous les hués et les sifflets des spectateurs excédés par l’attente et qui voulaient pour manifester leur déception à la chanteuse, qui s’est permise de tancer les trouble-fête par un «Taisez-vous!» sec et vaguement méprisant, pour lequel elle ne s’est même pas excusée.
L’artiste et son groupe ont déployé une grande énergie pour se racheter auprès du public.
Selon les commentaires qui ont filtré, le retard de la vedette aurait été provoqué par la perte de l’une de ses valises à l’aéroport de Rome, une justification nullement convaincante pour des festivaliers brimés, qui ont payé entre 40 et 50 dinars le prix de leur billet.
En invitant une artiste réputée pour ses réactions imprévisibles, avec un cachet de 160.000 dollars (élevé pour ses moyens), la direction du Festival de Carthage a-t-elle commis une erreur?
Pas vraiment, car le super show annoncé, ne fut pas vraiment une déception, grâce à l’énergie déployée par l’artiste et son groupe pour se racheter auprès du public, bon enfant et participatif à souhait, et qui ne méritait une telle méprise.
Voix incontournable pour les d’amateurs de musique urbaine, première icône féminine du rap, Lauryn Hill demeure, malgré tout, une grosse pointure de la scène mondiale, une artiste à la voix prenante et aux multiples registres.
Malgré la déception du début, le public s’est laissé séduire.
Une belle émotion
Accompagnée par un groupe de musiciens performants et un DJ pétulant qui savait solliciter l’adhésion d’un public déjà largement acquis, la panthère noire a montré qu’elle connait parfaitement, quoi qu’on dise, son boulot et maîtrise toutes les ficelles de la scène, qu’elle a su occuper avec autant d’élégance que de virtuosité.
La chanteuse n’économisait aucun effort et dirigeait ses musiciens avec une maestria évidente, tout en chantant et en se pliant aux exercices ardus de la musique rap, produisant un concert qui restera longtemps dans les mémoires des spectateurs, qui auront oublié, entretemps, le faux pas du retard.
L’artiste américaine lui a su préserver son image et sa réputation.
La soirée de Lauryn Hill n’a donc pas été un bide, comme on l’avait craint un moment. Honnêtement, le professionnalisme dont a fait preuve l’artiste américaine lui a permis de préserver son image et sa réputation. Avec sa superbe voix, ses habits de lumière et son jeu de scène, elle a produit une belle émotion dans le ciel chargé d’étoiles de Carthage.
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