Les dirigeants historiques du parti Ennahdha pourraient céder bientôt les rennes du pouvoir aux jeunes qui se bousculent au portillon.
Abdelfattah Mourou a souligné, samedi, «la nécessité d’accorder un rôle grandissant aux jeunes dans la direction des partis politiques et de leur ouvrir plus de perspectives afin d’assumer de plus grandes responsabilités dans l’édification du pays».
Le vice-président d’Ennahdha et premier adjoint du président de l’Assemblée des représentants du Peuple (ARP), s’exprimait en marge de l’inauguration, samedi, du 1er forum de la jeunesse du mouvement islamiste tunisien à Sfax.
Cette déclaration, on l’a compris, vaut surtout pour le parti de M. Mourou, le plus ancien en Tunisie, puisque sa création remonte aux années 1970, sous l’appellation d’Al-Jamaa Al-Islamia, avant d’être rebaptisé Mouvement de tendance islamique (MTI) puis Ennahdha.
Est-ce à dire que les fondateurs d’Ennahdha, notamment son président Rached Ghannouchi, son vice-président Abdelfattah Mourou et ses dirigeants historiques (Habib Ellouze, Sadok Chourou, Hamadi Jebali et autres Ali Larayedh) vont passer le témoin lors du prochain congrès du parti et prendre une retraite bien méritée ?
On peut l’imaginer, d’autant que des bruits de coulisses attribuent à Rached Ghannouchi l’intention de prendre sa retraite politique, mais après avoir assuré une réforme profonde de son mouvement, en établissant une séparation entre l’action politique et la «daawa» (mission religieuse), en rajeunissant ses structures et en optant pour une nouvelle dénomination, qui exprime cette mutation.
Reste à savoir si l’incontournable cheikh – véritable dinosaure politique – est capable de prendre ses distances vis-à-vis d’un mouvement auquel il s’identifie totalement et dont il incarne le passé, le présent et même, aux yeux de beaucoup de militants, l’avenir, sachant que son éloignement pourrait aiguiser les appétits des jeunes loups et provoquer une implosion.
I. B.
Illustration: Abdelfattah Mourou.
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