Pour Mohamed Abbou le projet de loi de la réconciliation économique vise à «effacer l’ardoise de personnes qui ont volé les deniers publics.»
Dans une intervention sur Jawhara FM, le président du Courant démocrate, a, à plusieurs reprises, qualifié les hommes d’affaires qui pourraient bénéficier d’une amnistie économique et financière de «truands.»
Pour M. Abbou, cette suggestion soumise en conseil des ministres par le Président Béji Caïd Essebsi, le 14 juillet dernier, est «un projet de loi fait par des gens qui n’ont la moindre conscience, des personnes qui sont en leur for intérieur des escrocs, et, si cette loi venait à être adoptée par l’Assemblée des représentants du peuple, elle rétablirait de facto l’Etat des voleurs.»
Sans départir de sa causticité habituelle, l’ancien ministre de la Réforme administrative dans le gouvernement de Hamadi Jébali avertit les députés qui pourraient voter pareil projet de loi: «Je vous l’ai dit et je vous le répète encore une fois, si vous faites passer cette loi, nous adresserons nos remerciements au peuple tunisien d’avoir élu des gens comme vous, c’est-à-dire des fraudeurs.» Et, plus fort encore dans l’insulte, Mohamed Abbou demande «à ce que soit affichée dans une des rues de la ville de Sidi Bouzid la liste portant les noms des députés et des chefs de parti qui auraient voté en faveur de cette loi et ceux des journalistes, des hommes d’affaires et des politiciens qui l’auraient soutenue… Pour que le peuple tunisien connaisse toute la vérité sur ce dossier, pour qu’il soit confronté à la réalité de cette escroquerie.»
«Désormais, je ne m’embarrasserai de formules diplomatiques pour dire que ce qui sera proposé comme projet de loi sur cette réconciliation économique est un mensonge, c’est un refus d’ouvrir les véritables dossiers de la corruption et des pot-de-vin qu’un chef d’entreprise est obligé de payer, aux services des douanes par exemple, pour régler une affaire», martèle-t-il.
Dans son manichéisme revanchard, M. Abbou aime diviser l’humanité tunisienne en deux catégories : les bons d’un côté et les méchants de l’autre, et il est, bien entendu, l’avocat des premiers et l’ennemi juré des seconds.
Ce populisme touchant d’ingénuité prêterait à sourire s’il n’attisait pas les haines et les divisions à un moment où le peuple tunisien a le plus besoin de se réconcilier pour venir à bout du terrorisme et relancer son économie en berne.
Marwan Chahla
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