Le marché solaire en Tunisie est confronté à des difficultés d’investissement, une bureaucratie étouffante et un manque d’organisation.
Selon l’expert allemand Arne Schweinfurt, l’énergie solaire peut favoriser la transition de la Tunisie vers les énergies renouvelables, que le Plan solaire tunisien (PST), élaboré par l’Agence nationale de maitrise de l’énergie (ANME), prévoit d’ici à 2030, mais, déplore-t-il, l’investissement dans ce secteur fait face à la lenteur des procédures administratives et à l’absence de contrôle de la qualité des services fournis par les entreprises.
Cet expert chargé de l’appui au marché solaire en Tunisie auprès de l’Agence de coopération allemande (GIZ) estime, par ailleurs, que la concentration des prestataires sur Tunis, au détriment des autres régions de la Tunisie, y compris Sfax (deuxième centre économique du pays), constitue une autre faiblesse du marché solaire.
Par conséquent, et en dépit des ressources considérables dont dispose la Tunisie en matière d’énergies renouvelables, les «réalisations demeurent assez limitées», a aussi déploré M. Schweinfurt, qui intervenait lors du 3e Rassemblement des jeunes maghrébins pour la liberté, organisé récemment à Tunis, avec la participation de 34 jeunes venus d’Algérie, de Libye, du Maroc, d’Egypte et de Tunisie pour débattre des «défis environnementaux et alternatives du développement».
Le marché solaire tunisien se caractérise également par des défaillances au niveau de la formation du personnel (installateurs) avec notamment une multitude d’acteurs et l’absence de formation uniformisée, a aussi relevé l’expert allemand.
Ces problèmes doivent être solutionnés le plus rapidement possible pour que la Tunisie puisse assurer sa transition énergétique, alors que sa production d’énergies fossiles accuse une baisse de 6% par an et que la demande d’énergie augmente annuellement de plus 2%. Ce qui va conduire, bientôt, le pays à importer 40% de ses besoins en énergie primaire.
La GIZ, partenaire de l’ANME dans ce domaine, fait face, se son côté, à des problèmes liés à la multitude d’acteurs et d’intérêts, au changement des priorités après chaque élection ou changement de responsable ou de ministre. Elle livre «une petite bataille» à la bureaucratie en Tunisie, mais, également, en Allemagne, a indiqué l’expert, tout en se félicitant que des projets de partenariat pour le développement de ce marché sont prévus par les deux pays. Ces projets portent, notamment, sur l’augmentation du volume d’investissement, l’élargissement du marché solaire aux régions et le ciblage des entreprises agricoles, dont les besoins dans ce domaine sont importants.
La Tunisie et l’Allemagne prévoient, par ailleurs, le renforcement des capacités des ressources humaines, à travers une formation axée sur les aspects pratiques et la sensibilisation de la population à travers l’action du «solaire-citoyen».
I. B. (avec Tap)
Donnez votre avis