Un Etat de droit veille à appliquer les lois enfreintes par les malfaiteurs économiques, avant de réprimer les manifestations pacifiques contre la corruption.
Par Mohamed Chawki Abid*
L’infraction est une violation d’une loi par un citoyen (ou un groupe de citoyens), qui est frappé d’une peine prévue par la loi. C’est le cas par exemple de toutes les formes de malversations qui connaissent en ce moment une inflation préoccupante : évasion fiscale, fraude douanière, détournement de devises, infraction à la réglementation des changes, blanchiment d’argent, corruption, contrebande, pillage de richesses naturelles, prédation de bien publics, orientation d’appel d’offres, opacité dans les transactions et abus de toutes natures.
En revanche, la désobéissance civile traduit le refus public et pacifique de se soumettre à une loi (ou autre règlement) jugée injuste (voire abusive), et s’impose quand on veut être intègre, ferme avec nos principes de liberté, et fidèle à nos valeurs humaniste et de justice sociale.
Lorsque la justice zigzague, celui qui reste impartial et conclue que les lois doivent toujours être respectées devient complice. De la même manière que celui qui se déclare neutre en voyant un vagabond agresser un mendiant : sa neutralité est un soutien pour le vaurien.
C’est le cas de la récente décision édictée par le ministère de l’Intérieur interdisant toute manifestation publique dans l’avenue Habib Bourguiba pour protester contre le projet de loi de réconciliation, prétextant de l’état d’urgence décrété dans le pays au lendemain de l’attentat terroriste de Sousse, le 26 juin dernier .
Aussi, l’Etat de droit ne devrait-il pas veiller tout d’abord à l’application des lois organiques enfreintes en permanence par les malfaiteurs économiques, avant de réprimer les manifestations populaires pacifiques «contre la tolérance et la recrudescence des malversations»?
* Ingénieur économiste.
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