Pour le réfugié syrien taclé par une journaliste hongroise, l’aventure est loin d’être terminée en Espagne. Il est de nouveau dans l’actualité. Et pour cause.
Par Yüsra Nemlaghi
Petra Laszlo, auteure du croche-pied à un réfugié syrien, va saisir la justice contre sa victime et contre Facebook. Non contente d’avoir taclé un réfugié portant son enfant dans ses bras – geste condamné par des millions d’internautes et qui lui a valu d’être renvoyée de son travail, la journaliste hongroise, qui s’est réfugiée (ironie du sort) en Russie, n’a pas apprécié – c’est un euphémisme – les conséquences de son acte. Elle a, en effet, décidé de poursuivre Abdul Mohsen en justice pour (tenez-vous bien !) faux-témoignage… Bien que les vidéos partagées par les médias du monde entier montraient bien son croche-pied. Ces vidéos, ainsi que les témoignages de Abdul Mohsen ont, dit-elle, porté atteinte à son honneur. Enfin, ce qui en reste…
Le croche-pied… providentiel.
Souvenons-nous : Oussama Abdul Mohsen, qui fuyait la guerre en Syrie et tentait d’entrer en territoire hongrois avec des milliers d’autres réfugiés, était tombé par terre avec son fils. Cet incident, très médiatisé, n’a pas manqué de susciter une vague d’indignation dans le monde. Il a aussi changé sa vie, puisque cet entraineur de football a finalement été recruté en Espagne pour entrainer une équipe à Getafe.
Oussama Abdul Mohsen, qui essaie de se reconstruire et attend le regroupement des membres de sa famille, restés coincés en Turquie, a confié à Kapitalis qu’il s’est habitué aux attaques depuis son arrivée en Espagne. Des gens mal intentionnés ont même voulu le faire passer pour un jihadiste.
«J’ai été parmi les premiers fervents opposants à Assad, mais je ne suis pas un jihiadiste et je dénonce les atrocités commises par ces barbares, mais un montage de mon compte Facebook a fait le tour des réseaux sociaux et j’ai été attaqué par des inconnus», a-t-il dit. Il poursuit: «Aujourd’hui je suis en Espagne, le pays du football. C’est donc un rêve qui s’est réalisé pour moi d’autant que suis fan du Real Madrid. Alors j’essaie de positiver en attendant que mon épouse et mes autres enfants puissent me rejoindre. Quant à la journaliste qui, par son croche-pied, a donné un coup de pouce à ma vie, elle peut porter plainte. Mes déclarations sont toutes fidèles à ce qu’il s’est passé ce jour-là et les vidéos constituent une preuve irréfutable».
Oussama Abdul Mohsen et ses deux fils Zid et Mohamed El-Ghadabe.
Oussama Abdul Mohsen est aussi fier de dire que son fils Zid est à l’école et qu’il a repris une vie plutôt normale après toutes ces péripéties. «Je me concentre sur mon travail et je reconstruit ma vie. En Espagne, il y a pour moi la barrière de la langue, mais je m’améliore en anglais et compte apprendre l’espagnol. Je suis armé de bonne volonté et je sais que je vais y arriver. C’est pour cela que je ferais sourde oreille à toutes les attaques dont je fais l’objet», a-t-il encore expliqué à Kapitalis. Avant de conclure, un brin philosophe : «Il faut aimer la vie et ne jamais perdre espoir… Le soleil finit toujours par briller».
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