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JTC 2015 : La mémoire vive de la Palestine

Raeda-Tahar

Dans ‘‘Elka zayek min ya Ali’’, Raeda Tahar et Lina Abiyad restituent la mémoire meurtrie d’un peuple et d’une terre : la Palestine.

Par Hamadi Abassi

Le rideau est tombé, samedi, sur les Journées théâtrales de Carthage, qui ont sorti Tunis de sa torpeur mélancolique habituelle.
Le public de la capitale a répondu présent pour célébrer le quatrième art dans la diversité de ses formes et passer des moments de plaisir, de découverte et d’échange fructueux.

Parmi les pièces qui ont attiré le grand public à la salle El Téatro, ‘‘Elka zayek min ya Ali’’. Sur la scène déserte, un divan, carcasse amorphe dans un non lieu indéfini, nargue les nouveaux arrivants.

L’envie de témoigner

Livrée à ses propres souvenirs et son envie de témoigner sur sa condition de fille de fidayi et de martyr palestinien, la comédienne Raeda Tahar vient occuper cet espace désolant, hanté par de nombreux fantômes, pour un éprouvant soliloque, mis en scène par la libanaise Lina Abiyad.

Progressivement, d’une voix assurée et claire, la comédienne se livre à un périlleux exercice de mémoire, pour nous livrer des tranches de vie, des souvenirs émouvants et tendres qui la rattachent à son père, compagnon de lutte d’Abou Ammar (Yasser Arafat) tombé en martyr en 1972, en participant à la prise d’assaut d’un vol Bruxelles-Al Qods occupé.

Le récit est une forme de catharsis pour se décharger du poids du souvenir et se reconstruire, plus sereine, en se confiant à un auditoire avide de révélations.

L’évocation du martyr Abou Tahar, le père, sert de conducteur et de fil d’Ariane qui permet à la fille de revisiter et de recomposer le puzzle de sa mémoire effritée.

Le goût amer de l’exode

Par la saveur d’un texte brillant, truffé de références historiques troublantes, riche en anecdotes, Raeda Tahar navigue à fleur de peau et d’émotion pour raconter la Palestine, ses souvenirs de la résistance et le goût amer de l’exode en compagnie des siens pour le Liban. Pour accompagner ces pans incandescents d’une mémoire prodigue, des projections de diapos, sur un écran au fond de la scène, allègent la gravité du ton.

Il n’y a pas de pathos, tout au long de ce soliloque que l’on penserait astreignant, mais plutôt une légèreté de ton et d’agréable insouciance, qui permet d’aborder les sujets les plus sombres et les plus graves. Le tout servi par un jeu de rôles captivant auquel se plie la comédienne, qui campe brillamment toute une galerie de portraits chargée d’humanité.

‘‘Elka zayek fin ya Ali’’ est un réel coup de cœur par l’intelligence de son propos, mais aussi par les qualités d’interprétation de la comédienne Raeda Tahar, qui subjugue par sa sincérité et son  professionnalisme.

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