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Ariana, ville des roses, reconquise par ses habitants

Ariana

Une place bien dégagée et bien propre.

Grâce à l’entregent d’un gouverneur, Ariana, la «ville des roses», s’est débarrassée de l’anarchie des étalages anarchiques et respire de nouveau, au bonheur des riverains.

Par Wajdi Msaed

Lorsque je suis allé, ces derniers jours, faire des courses, comme à l’accoutumée, au marché central de l’Ariana, j’étais très agréablement surpris par le changement radical qu’a connu le centre de la «ville des roses» : une grande opération de nettoyage a permis d’éliminer tous les étalages du commerce parallèle qui envahissaient rues et ruelles autour du marché central.

Maintenant tout est nettoyé

Cela fait 18 ans que j’ai élu domicile à l’Ariana, et c’est la première fois que je vois le centre-ville aussi propre, aussi dégagé, aussi scintillant, puisque les bacs à fleurs ont pris la place des tas d’ordures et des déchets que les marchands hors-la-loi s’amusaient à entasser dans les différents coins de la grande place du marché.

«C’est un grand courage de la part de monsieur le gouverneur que Dieu le bénisse», lance un marchand de fruits à l’entrée du marché. Il ajoute : «C’est un homme rigoureux et qui aime l’ordre. C’est normal, c’est un magistrat de profession. Il nous a permis de respirer de l’air pur après le déblayage des petits étals qui encombraient les accès du marché des quatre côtés». Et de conclure: «Maintenant que tout est nettoyé, le citoyen peut circuler à son aise dans les artères du marché et dans l’environnement avoisinant sans se heurter aux tas de déchets qui pavoisaient les lieux».

«Ainsi, la ville de l’Ariana reprend son éclat et son rayonnement», lance un marchand d’épices, dont la boutique donne sur la grande place. Il ajoute : «C’est pour la première fois que depuis plus de vingt ans que j’arrive à voir l’espace devant ma boutique, qui était encombré et sombre, au point que la ville, réputée pour son air frais, a été envahie par les odeurs nauséabondes que dégageaient les ordures à longueur de journée.»

Commerce

«Pour la première fois depuis plusieurs années, j’arrive à voir l’espace devant ma boutique.»

«L’Ariana ne méritait pas toute l’anarchie qui y a régné toutes ces années et qui l’a transformée en une sorte d’énorme bidonville», affirme une jeune dame, le couffin à la main, lançant un grand soupir et rendant hommage, elle aussi, aux autorités gouvernementales et municipales de l’Ariana et à leur tête le gouverneur et la maire-déléguée.

Tout le monde n’est pas content

Dans un café de la place, un jeune assis à une table, la trentaine, cigarette à la main, sirotant un café… Lui a un autre avis : «Non, affirme-t-il, ce n’est pas normal; l’étalage que j’avais dans ces lieux constituait mon gagne-pain qui faisait vivre une famille composée de six personnes. Que dois-je faire à présent», s’exclame-t-il?

Il faut noter que la municipalité a aménagé l’ex-abattoir, tout près du terminus du métro, en un espace pour accueillir ceux qui ont été contraints de plier bagage et de quitter le centre-ville. «Cet espace ne peut pas abriter tous les marchands ambulants», rétorque le jeune homme, qui a du mal à contenir sa colère.

La municipalité, elle, fait ce qu’elle peut : elle va procéder à un tirage au sort pour une répartition équitable des étalages disponibles, en attendant d’aménager un autre espace pour abriter le reste des marchands.

Pour les marchands établis de longue date et qui disposent de commerces légaux, «les autorités de l’Ariana ont appliqué la loi conformément à leurs prérogatives et les mesures énergiques qu’elles ont prises ont épargné aux habitants les affres d’une anarchie qui menaçait l’assise économique et sociale de la ville», soulignent-ils.

Les riverains aussi sont unanimement solidaires: «Les commerces réglementaires se sont trouvés privés de leur espace vital et leurs activités ont périclité. Ce sont eux qui s’acquittent de leurs obligations fiscales et municipales et non les tenants des étalages anarchiques, qui ont pris possession de l’espace public et le vendaient entre eux au mètre carré», disent-ils. Et puis, ajoutent-ils, «derrière leur activité pseudo-commerciale, il y a une série d’autres activités illicites et même dangereuses qu’il faut réprimer et combattre par tous les moyens. Car les étals anarchiques vendent souvent les produits de contrebande et de contrefaçon».

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Même les voitures trouvent enfin l’espace pour circuler.

Vigilance et dissuasion

«Cet espace, qui se trouve au coeur de la ville, se transforme, la nuit, en un lieu de prostitution et de trafic de zatla (cannabis)», renchérit un riverain, qui a apprécié une autre décision du gouverneur d’infliger une lourde contravention au propriétaire d’un café ayant occupé l’espace public pour y disposer ses tables en toute illégalité. «C’est bon pour l’exemple. Ce monsieur a fait abattre deux arbres, occupé le trottoir et agrandi son établissement en construisant une charpente en verre fumé, sans la moindre autorisation, obligeant les piétons à marcher au milieu de la chaussée», ajoute-t-il.

Autant dire que cette vaste opération de nettoyage a fait le bonheur des Arianais, qui doivent, cependant, comprendre que la responsabilité dans la bonne tenue d’une ville n’incombe pas uniquement aux autorités régionales, locales et municipales. Elle incombe aussi et, surtout, au sens de la citoyenneté chez les habitants.

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