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Réseau Khadija : Un bond en avant pour la femme arabe

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Si l’économie dans la région arabe traîne encore, c’est à cause notamment de la faible participation de la femme au monde du travail. L’Onu et l’UE sont entrées en ligne.

Par Zohra Abid

Le taux de participation actuel des femmes actives dans la région du Maghreb et du Moyen Orient ne dépasse guère 27%. C’est, on l’a compris, l’un des taux les plus bas au monde. Les femmes dans nos pays sont aussi deux fois plus touchées par le chômage que les hommes. Quand elles trouvent du travail, elles subissent des pressions économiques et sociales qui les poussent à occuper des emplois précaires ou informels. Il est donc temps d’examiner les causes de cette situation, de chercher des solutions et de sensibiliser la population à la promotion du travail des femmes dans notre région.

La mise à niveau des femmes

L’organisation des Nations Unies (Onu) et l’Union européenne (UE), en collaboration avec des acteurs de la société civile locale, se sont dépêchées au chevet des femmes arabes, au Caire puis à Tunis, avec le programme «Un bond en avant pour les femmes», financé à hauteur de 7 millions d’euros par l’Instrument européen de voisinage et de partenariat (IEVP) et de 1,2 million d’euros par le budget général de l’Onu Femmes.

L’atelier de Tunis, réuni les 11 et 12 novembre 2015, aux Berges du Lac de Tunis, a fait suite à celui tenu les 20 et 21 avril 2015, au Caire (Égypte) et, au lancement en septembre dernier, toujours au Caire, du Réseau Khadija pour l’émancipation économique des femmes arabes.

«Le choix du nom de Khadija pour appeler ce réseau n’est pas fortuit. C’est le nom de la première épouse du prophète Mohamed qui s’est distinguée par son courage, par son autonomie économique et par son sens des affaires. Avec cet atelier, on cherche à promouvoir les activités des femmes au Maghreb et au Moyen-Orient, et à faire participer davantage l’énergie féminine dans le domaine économique», a déclaré à Kapitalis, en marge de l’atelier, Asma Ennaïfar, directrice des relations extérieures, RSE et mécénat d’Orange Tunisie.

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La femme arabe a toujours travaillé, mais elle est peu considérée et son travail peu reconnu.

L’atelier de Tunis, qui a réuni plus de 50 spécialistes venus de 7 pays (Algérie, Jordanie, Liban, Palestine, Egypte, Maroc et Tunisie), a permis aux participant(e)s de «mettre en lumière les questions de la reconnaissance et de la promotion de la femme à des postes à responsabilité dans des secteurs non traditionnels, souvent invisibles et non reconnus», a indiqué, lors de cérémonie de clôture, Maryse Guimond, responsable du programme «Un bond en avant pour les femmes».

Selon elle, ce programme se décline en plusieurs volets et il est plus large qu’on ne le pense. «La femme dans cette région a toujours travaillé, mais elle est peu considérée et son travail peu reconnu. On la trouve, aujourd’hui, à la 6e place au niveau mondial, à la toute dernière au classement», a précisé Mme Guimond, qui a insisté sur la nécessité de mettre en exergue le rôle des femmes dans l’économie. «Le travail artisanal (broderie, poterie, tissage…) auquel s’adonnent des millions de femmes dans les régions reculées doit être revalorisé. Il faut que les femmes dans ces régions s’ouvrent à de nouveaux horizons, notamment les infrastructures, les télécoms, les énergies renouvelables, les nouvelles technologies… Il faut qu’elles orientent leurs études vers les sciences au lieu des lettres», a-t-elle ajouté.

Les premières places, ça s’arrache

Reste une question : en cette ère marquée par des bouleversements de tous genres, quelle est la marge de manoeuvre laissée aux femmes et que peuvent-elles faire pour renforcer leur participation à la vie économique de leur pays ?

Réponse de Mme Guimond : «Il est vrai que la région arabe passe aujourd’hui par une phase délicate. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que les opportunités se présentent souvent au moment des conflits et lors des transitions. Les femmes doivent apprendre à saisir ces opportunités pour s’imposer sur le marché. On doit aussi les y aider, aller vers elles et les sensibiliser à la nécessité de se promouvoir elles-mêmes».

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De droite à gauche: Maryse Guimond, Asma Ennaifer et Héla Skhiri.

C’est que pense aussi Armelle Lidou, chef de la coopération au sein de la Délégation de l’UE en Tunisie. Selon elle, le programme «Un bond en avant pour les femmes» est l’un des éléments clef de la politique de l’UE visant à créer des opportunités pour les femmes dans la région arabe. «Au total, l’aide financière de l’UE aux initiatives en faveur de l’égalité des sexes dans la région a atteint les 93 millions d’euros. L’UE en Tunisie poursuit sa mobilisation pour faire progresser cet agenda ambitieux, en collaboration avec les autorités tunisiennes et les partenaires de la société civile», a-t-elle précisé.

Héla Skhiri, chargée de Programme national à Onu Femmes, a indiqué, pour sa part, à Kapitalis, que les femmes peuvent faire aujourd’hui le bond qualitatif tant attendu dans le domaine du travail et elles ont les moyens de changer la donne dans la région du Maghreb et du Moyen Orient, où le pourcentage des femmes leaders est de 5%, alors que la moyenne mondiale est de 24-26%.

«Il n’est pas facile de remonter la pente et de réduire ce gap, mais lorsqu’on est bien aiguillé, cela est faisable. Il suffit seulement de faire confiance aux femmes et à leurs capacités», a renchéri Maryse Guimond.

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