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A l’UGTT, le prix Nobel de la paye !

Houcine-Abassi-UGTT

L’UGTT et l’Utica auront-elles le culot d’être hypocritement réunis sur le même piédestal, à Oslo, en Norvège pour recevoir le prix Nobel de la Paix ?

Par Tarak Arfaoui

En défendant âprement le  droit de  ses adhérents à une augmentation salariale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) devrait recevoir le prix Nobel  pour la défense de la paye des travailleurs. L’organisation syndicale a apparemment placé la barre des revendications un peu trop haut et mis en branle, tel un enfant gâté à qui on ne refuse rien, sa redoutable arme des grèves tournantes absolument désastreuses dans le contexte actuel du pays.

Le chantage économique

Faire des revendications et négocier est un droit syndical fondamental, mais faire du chantage économique par des revendications irréalistes et irresponsables est absolument inacceptable. Demander d’un seul coup une augmentation salariale de 12% (plus de 2 fois le taux d’inflation) est une véritable première en Tunisie et peut-être aussi dans le monde, dans un pays déjà asphyxié par une masse salariale colossale dans le  secteur public qui engloutit une bonne partie du budget de l’Etat.

Les dirigeants de l’UGTT savent très bien que la situation économique du pays est inquiétante, que la sécurité est précaire, que  la croissance, une première en Tunisie, sera très  certainement négative en 2015, que le taux de chômage déjà haut (15%) est en progression, que les entreprises privées étrangères quittent l’une après l’autre le pays, que les  exportations sont en déclin, que le tourisme est en panne, que beaucoup d’hôteliers mettent la clé sous  la porte, bref que le pays va vers la banqueroute et l’agonie.

Afin de donner un coup de fouet à l’économie, le meilleur remède qu’ a trouvé la centrale syndicale c’est d’organiser des grèves tournantes avec même des menaces de grève générale pour étrangler définitivement le pays.

le Quartet félicité par Hollande Tunisie4

Wided Bouchamaoui, présidente de l’Utica, et Houcine Abassi, SG de l’UGTT: pour des concessions mutuelles sans surenchères.

Chercher le juste équilibre

Dans un pays en crise, les deux partenaires sociaux (UGTT et Utica) devraient faire passer les intérêts supérieurs du pays avant les intérêts corporatistes. La voix du compromis, de la maturité, de la sagesse doit l’emporter sur les décisions épidermiques et à l’emporte pièce. Il est évident que les patrons sont asphyxiés par le marasme économique, l’augmentation substantielle des salaires les obligera automatiquement à réduire les effectifs  en mettant au chômage une bonne frange des employés et par là à réduire leurs activités.

Il est aussi évident que, dans certains secteurs, les salaires sont en inadéquation avec l’inflation galopante qui a réduit drastiquement le pouvoir d’achat des citoyens. Les négociations devraient arriver à un juste équilibre dans un cadre de concessions mutuelles sans surenchères.

Le prestige du Prix Nobel de la Paix obtenu par l’ UGTT et l’Utica, dans le cadre du Quartet du Dialogue national, consacrant une reconnaissance mondiale de leurs efforts pour instaurer une paix politique dans le pays, semble s’effriter tel un château de cartes à la suite des  chamailleries sans fin, accusations et invectives entre les dirigeants des deux organisations qui auront le culot d’être hypocritement réunis sur le même piédestal, le 10 décembre prochain, pour recevoir le prix Nobel de la Paix à Oslo, en Norvège.

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