Comment s’étonner de la recrudescence du terrorisme en Tunisie quand les islamistes partagent le pouvoir dans notre pays ?
Par Abderrazak Lejri*
Suite à l’horrible attentat du mardi soir contre la garde présidentielle, je ne suis pas seulement triste pour mon pays… mais très en colère.
En colère contre les islamistes dits modérés d’Ennahdha, qui font partie du gouvernement actuel, car même avec un strapontin ministériel (Emploi et Formation) occupé par leur ancien porte-parole Zied Ladhari, ils ont eu tout le loisir de s’opposer à toutes les tentatives législatives et opérationnelles – sous le couvert du «droit-de-l’hommisme» – proposées pour éradiquer la vermine terroriste.
Rached Ghannouchi et Hamadi Jebali.
Je suis en colère contre la «troïka» – l’ancienne coalition gouvernementale dominée par Ennahdha –, dont la gouvernance, deux ans durant, a permis toutes les infiltrations de l’administration publique et l’embrigadement des jeunes jihadistes par l’instrumentalisation des mosquées devenues des lieux de prêche de la haine et, pire encore, des endroits logistiques du terrorisme, y compris des caches d’armes. Ces jihadistes montent aujourd’hui au créneau dès que leurs affidés d’imams radicaux sont limogés par le gouvernement mollasson de Habib Essid.
La responsabilité des islamistes…
Les ténors du parti islamiste, qui montent actuellement au créneau – en montrant patte blanche – pour discourir sur la nécessité de l’unité d’un peuple qu’ils n’ont eu de cesse de diviser entre «bons musulmans» et «mécréants», ont la mémoire courte alors que les vidéos sont là pour prouver leurs discours venimeux contre les Tunisiens «laïques et francophones».
Ali Larayedh et Rached Ghannouchi.
Je suis en colère contre leur guide islamiste Rached Ghannouchi qui a oublié ses prises de position déclarées adoubant les salafistes, l’ancien député Sadok Chourou, qui a oublié ses appels au meurtre en pleine Assemblée nationale constituante (ANC), l’ancien secrétaire général d’Ennahdha, Hamadi Jebali, impliqué dans les actions terroristes du mouvement islamique dans les années 1980-1990, et ex-chef de gouvernement provsoire, qui a oublié ses appels à l’avènement du 6e califat, ou encore le perfide Lotfi Zitoun qui croit, avec son discours mielleux d’aujourd’hui, pouvoir nous faire oublier ses appels à la haine et à la division devant le siège de la Télévision nationale durant des mois en 2012.
L’autre chef de gouvernement durant la mandature des islamistes, Ali Larayedh, a oublié son intentionnelle organisation de la fuite du grand terroriste Abou Iyadh (réfugié en Libye depuis septembre 2013 où il téléguide un bon nombre d’actions terroristes) et l’encadrement fort bien organisé de l’attaque de l’ambassade des Etats-Unis par les barbus. Il a aussi oublié son discours de haine visant le martyr Chokri Belaid qui était un feu vert pour son l’assassinat juste quelques semaines après.
Moncef Marzouki et Rached Ghannouchi.
Les deux chefs de gouvernement successifs Jebali et Larayedh ont oublié les attaques à la chevrotine contre les manifestants à Siliana restées impunies jusqu’à nos jours.
Et de Marzouki, Ben Jaafar et Caïd Essebsi
Je suis en colère contre les autres larbins de la «troïka» à savoir le parti Congrès pour la république (CPR) sous la houlette de l’ex-président provisoire Moncef Marzouki qui – aveuglé par son égo et le pouvoir – a tout cédé aux islamistes et souillé à jamais son statut d’opposant et de militant des droits de l’homme; et le supposé militant socialiste Mustapha Ben Jaâfar, fondateur et leader du parti Ettakattol, qui lui aussi s’est compromis avec les islamistes contre un strapontin d’éphémère président de l’Assemblée constituante et qui l’a payé au comptant en étant jeté dans les poubelles de l’histoire lors des dernières élections.
Sous d’autres cieux et en d’autres temps, ils auraient tous été accusés de haute trahison et crimes avérés.
Mustapha Ben Jaafar et Rached Ghannouchi.
Je suis en colère contre le président de la république actuel, Béji Caïd Essebsi, qui, pour avoir les honneurs et le confort dans sa fonction, n’a pas hésité à pactiser avec le diable pour occuper le Palais de Carthage et être assuré de rentrer ainsi dans l’histoire.
Mais quelle histoire sans gloire, quand il finira par y mourir dans un linceul souillé du sang engendré par sa magnanimité envers les criminels islamistes et sa permissivité avec les bandits et corrompus qui, en soutenant son fils, Hafedh Caïd Essebsi, sont en train d’offrir sur un plateau le pouvoir aux islamistes qui préparent avec perfidie leur retour au pouvoir – s’ils l’ont jamais quitté – en se préparant à squatter tous les postes décisionnels lors des prochaines élections municipales.
Le ver est dans le fruit
Enfin, je suis en colère contre les nombreux opportunistes de la classe politique – certes infantilisée par plus de 50 ans d’autoritarisme – qui n’ont pas saisi l’occasion inouïe qui leur a été offerte par la révolution pour grandir un peu, s’émanciper et oublier leur petitesses, leur cupidité et la quête des honneurs éphémères, eux qui ne sont que de simples mortels.
Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi.
Comment s’étonner des dérives terroristes en Tunisie quand les islamistes d’Ennahdha (le vers est dans le fruit) partagent le pouvoir, en tant que deuxième force avec 69 députés à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), alors que leur passé de filiale des Frères musulmans («Ikhouan») n’a pas été éradiqué à la racine comme cela a été le cas en Egypte, grâce à un certain Abdelfattah Sissi.
* Pdg du Groupement Informatique.
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