Les artistes se mobilisent pour créer une mutuelle et faire promulguer un statut de l’artiste qui préserve leurs droits et leur dignité.
Par Hamadi Abassi
«Le statut de l’artiste est un droit inaliénable» : c’est sous ce thème que le «Mouvement des Indignés» a organisé, en collaboration avec l’Association des cinéastes tunisiens indépendants (Acti) et en partenariat avec les Journées cinématographiques de Carthage (JCC), le vendredi 27 novembre 2015, dans l’ex-salle de cinéma Afric’Art, une conférence de presse pour présenter l’état d’avancement du projet de la mutuelle des artistes et pour évoquer le futur statut de l’artiste, souvent évoqué mais dont la réalisation tarde à se concrétiser.
Démarche unitaire des artistes
Cette rencontre, à laquelle assistaient de nombreux professionnels des différents secteurs du cinéma et Amor Ghedamsi pour les artistes plasticiens, était modérée par Mounir Baaziz, représentant le Mouvement des Indignés, et Samir Harbaoui de l’Acti.
Bahram Aloui s’est exprimé au nom des actants du théâtre présents dans le bureau provisoire constitutif de la mutuelle et Abou Seoud Messaadi, conseiller en assurances et militant associatif, a développé une approche technique de la future mutuelle.
Mounir Baaziz, quant à lui, a rappelé la situation précaire dans laquelle se morfondent les artistes, ou beaucoup d’entre eux, et qui est à l’origine du Mouvement des Indignés et de leur manifeste, lu à l’assistance en présence de Brahim Letaief, cinéaste et directeur des JCC, venu apporter son soutien à cette démarche unitaire des artistes, toutes spécialités confondues, pour pallier les insuffisances de leur protection sociale.
L’absence d’un statut juridique spécifique au travail intermittent ou «statut de l’artiste» aboutit à des situations de précarité absolue (absence de couverture sociale, retraites indignes et, dans certains cas, absence de retraite et de droit aux soins) parmi les créateurs et les travailleurs du champ culturel, au moment où des lois sont régulièrement promulguées pour annuler les dettes de tous ceux qui se sont enrichis sur le dos de l’Etat et des travailleurs, s’insurgent le artistes.
Une mutuelle pour les métiers de création
La mutuelle projetée s’adresse à tous ceux qui travaillent par leur imaginaire, leur intelligence ou leurs bras dans les divers champs culturels, ce qui amène à préciser la notion de «professionnel» : «est professionnel(le) celui ou celle qui pratique un métier et/ou une spécialité de manière quasi exclusive, et qui en reçoit une contrepartie financière (ou salaire) constituant sa principale source de revenus.»
Ce projet de mutuelle déposé auprès des trois ministères concernés (Culture, Affaires sociales et Finances), a été élaboré en collaboration avec les services juridique et social des ministères de la Culture et des Affaires sociales, ainsi qu’avec le conseil juridique d’avocats solidaires.
Les participants ont souligné la nécessité d’inciter les artistes et particulièrement les jeunes à adhérer à cette mutuelle. La doyenne des scriptes du cinéma, Hend Bouhaouala a ému l’audience par l’expression de l’amour de son métier, de l’injustice de se trouver avec une retraite de 130 dinars à cause des fausses déclarations des producteurs employeurs, mais aussi de son manque de vigilance pour faire respecter ses droits durant les années de travail.
Il est à considérer que cette mutuelle est considérée comme une étape vers l’instauration définitive d’un statut de l’artiste et du travail intermittent dans le secteur culturel, avec l’espoir que ce travail se fasse avec la ministre Latifa Lakhdher qui en a fait une de ses priorités.
Donnez votre avis