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Tunisie : 18 000 associations et un contrôle très insuffisant

Kamel-Jendoubi

Kamel Jendoubi.

La Tunisie compte 18.143 associations actives, selon les dernières statistiques officielles, et leur contrôle pose de vrais problèmes.

Ces statistiques, réalisées en septembre 2015, ont été publiées récemment par le Centre d’information, de formation, d’études et de documentation sur les associations (Ifeda ). Son directeur général, Nabil Ajroud, indique que seulement 8.000, parmi ces associations, ont un identifiant fiscal, et leurs comptes sont, par conséquent, contrôlables.

Ce qui est plus inquiétant c’est que l’Etat ne dispose d’aucune base de données sur ces associations, ni d’informations fiables et vérifiables sur leurs sources de financement.

Pire encore: aucune structure publique ne détient des informations précises sur le volume du financement public accordé à ces associations, ni sur le nombre des associations bénéficiant de subventions publiques, affirme de son côté la juge à la Cour des comptes, Fadhila Gargouri.

En 2014, seulement 1500 associations ont présenté un rapport sur leurs dépenses et leurs entrées d’argent. Pourtant, le décret-loi 88/2011 stipule que les associations bénéficiaires de fonds publics sont appelées à soumettre un rapport détaillé sur leurs ressources à la Cour des Comptes, ajoute Mme Gargouri.

Jusqu’au mois de novembre 2015, 20 structures publiques uniquement ont remis leurs rapports sur le financement des associations, a-t-elle précisé.

Jusqu’à fin octobre 2015, des avertissements ont été adressés à 737 associations dont 157 pour «activités suspectes». La justice a, d’ailleurs, été saisie pour la suspension des activités de plus de 163 associations, affirme de son côté, le secrétaire général du gouvernement Ahmed Zarrouk, ajoutant que 60 demandes de dissolution ont été présentées devant le parlement au cours de la discussion du budget de la présidence du gouvernement en novembre dernier. La justice n’a réagi qu’à la demande de dissolution des Ligues de protection de révolution, a relevé le responsable.

Le ministre chargé des Relations avec les Instances constitutionnelles et la société civile, Kamel Jendoubi, a admis que les efforts déployés par le gouvernement pour fournir un encadrement optimal aux associations et mettre un terme aux dépassements restent «insuffisants». Il a, notamment, pointé des lacunes au niveau du cadre juridique régissant les associations en Tunisie et le manque de ressources humaines chargées de leur suivi et de leur contrôle.

Selon les statistiques du centre Ifeda pour le mois de mars 2015, 119 associations étrangères sont actives en Tunisie.

Le pays enregistre en plus 2262 associations caritatives, 300 opérant dans le domaine des droits humains, 3032 à vocation culturelle et artistiques et une centaine actives dans le domaine religieux, mais qui sont classées parmi les associations culturelles.

A noter que plus de 8.000 associations ont vu le jour après le 14 janvier 2011. En plus du ministère de l’Intérieur, plusieurs parties politiques et militants des droits de l’homme avaient mis en garde contre le danger des associations suspectes et leur implication directe dans le financement indirect des partis, mais aussi des groupes  terroristes.

A. B. M. (avec Tap)

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