Le SNJT a décidé la création d’une cellule de crise pour accompagner les journalistes convoqués par la justice, notamment par la Brigade antiterroriste.
Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a annoncé, lors de la réunion périodique du bureau exécutif du syndicat, les 16 et 17 janvier à Gafsa, que les convocations des journalistes par la Brigade nationale d’investigation dans les crimes terroristes pour comparaitre devant le juge d’instruction, suite à la couverture d’événements terroristes, s’apparente à de l’intimidation.
«Ces convocations, devenues fréquentes, constituent une entrave à l’application des textes juridiques régissant le secteur des médias, y compris le décret-loi 116 de l’année 2011 sur la liberté de la communication audiovisuelle. Les autorités instrumentalisent la lutte contre le terrorisme pour réprimer les libertés des médias et intimider les journalistes», a dénoncé le syndicat, qui annonce la création d’une cellule de crise permanente pour accompagner et soutenir les journalistes et défendre la liberté d’expression face aux tentatives d’étouffement.
Le syndicat avait déjà alerté sur l’acharnement judiciaires sur les journalistes et fait part de sa crainte d’une guerre menée par les autorités contre les médias, que les dernières convocations de journalistes à comparaitre devant la justice semblent confirmer.
«Ces pratiques nous rappellent celles de l’ancien régime dictatorial, qui ont repris depuis un certain temps», a déploré Néji Bghouri président du SNJT, ajoutant: «Mais nous n’accepterons pas ce retour en arrière et nous lutterons pour la défense de la liberté d’expression et la transparence de l’information, qui sont les acquis majeurs de la révolution».
Rappelons que plusieurs journalistes et un photographe de la Télévision tunisienne sont appelés à se présenter, ce lundi 18 janvier 2016, devant la Brigade antiterroriste d’El-Gorjani, suite à la diffusion d’images de la tête décapitée du berger martyr Mabrouk Soltani enveloppée dans un sac de plastique.
La justice a aussi convoqué le rédacteur en chef du journal électronique « Hakaek online« , Mohamed Yousfi, suite à un article traitant du terrorisme. Ce dernier ne se rendra pas devant le juge, considérant que la convocation est illégale à cause de l’absence de son identité complète, de sa qualité professionnelle et du numéro de sa carte d’identité ainsi que du motif de son interpellation.
Le syndicat général de l’information, relevant de l’UGTT, et la Haute autorité indépendante de la communication audiovisuelle (Haica) ont également dénoncé les traductions en justice des journalistes, tout en soulignant leur crainte d’un retour en arrière en matière de liberté d’expression.
Y. N.
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