Quartier de la Petite Sicile à La Goulette, au nord de Tunis (Ph. Enrico Montalbano et Laura Verduci).
Une conférence sur les liens politiques et culturels unissant la Tunisie et l’Italie sera organisée, la semaine prochaine, par l’université La Sapienza de Rome.
Le colloque planchera sur l’idée simple de la proximité géographique entre la Tunisie et l’Italie, pays que sépare seulement 70 kilomètres, rapporte l’agence AnsaMed.
Les participants examineront, à partir de lundi 7 mars 2016, les processus de médiation culturelle et le rôle de la mémoire historique qui lient la Tunisie et l’Italie depuis de nombreux siècles. Cette relation particulière entre les deux pays a très souvent conduit à une inversion des routes migratoires, c’est-à-dire du nord vers le sud – et non pas seulement dans l’autre sens.
Avec une Tunisie qui, aujourd’hui comme hier, continue d’accueillir non pas seulement des hommes politiques italiens de premier plan mais également de nouveaux migrants, une nouvelle solitude anonyme et de nouvelles formes de souffrances sociales sont nées.
Selon Laura Faranda, conférencière en anthropologie culturelle et organisatrice de cet évènement, «l’analyse serrée du mouvement de masses du sud vers le nord montre qu’il y a un tissu de mensonges qui cache la fausse générosité de l’Italie qui est prétendue être un pays hospitalier, et une Europe indifférente aux conséquences historiques et anthropologiques qui font de la Méditerranée une frontière aux mœurs légères.»
Laura Faranda évoque, dans sa présentation de cette rencontre de La Sapienza, un «transit méditerranéen dont les voies sont très souvent inversées et qui empêche une Tunisie dissimulée et niée d’émerger.»
La conférence s’attachera donc «à donner la parole à ces ‘‘Italiens de Tunisie’’ et à ces ‘‘petites Italies de Tunisie’’ qui ont été pendant de longs siècles les témoins directs d’influences migratoires inattendues (…) qui permettront de comprendre ou de repenser la nouvelle mobilité transnationale, mais également les politiques de bienveillance internationale entre les deux pays qui, ne l’oublions pas, sont à 70 km l’un de l’autre.»
Participeront à ce symposium l’ambassadeur de Tunisie en Italie, Naceur Mestiri, Emanuella Prinzivalli, directrice du département de l’histoire de la Culture et des Religions à La Sapienza, Dr. Ezzeddine Anaya – qui présentera sa réflexion sur les mutations culturelles en Tunisie au lendemain de la Révolution – et Chiara Peri, qui traitera du thème de l’arrivée des réfugiés nord-africains depuis le Printemps arabe.
Marwan Chahla
* La photo d’illustration est une capture d’écran du film documentaire intitulé « Kif Kif sicilien de Tunisie ».
Donnez votre avis