Pour son Pdg, Mohamed Lamine Moulahi, «le décollage de la Pharmacie centrale de Tunisie a eu lieu entre 2011 et 2015», depuis qu’il a débarqué dans la maison.
Propos recueillis par Zohra Abid
Kapitalis : Dr Lotfi Mraïhi, secrétaire général de l’Union populaire républicain (UPR), vous reproche votre gestion de la Pharmacie centrale de Tunisie (PCT) et vous accuse de manque de transparence.
Mohamed Lamine Moulahi : Depuis août 2011, date de ma nomination à la tête de cette institution et jusqu’à aujourd’hui, on a enregistré des résultats sans précédent sur les plans financier, du niveau du stock stratégique des médicaments, du retour de la confiance des fournisseurs, du résultat net et de tous les indicateurs de performance.
Or, depuis février 2016, la PCT est la cible d’accusations de manque de transparence voire de corruption, mais personne n’a apporté la moindre justification à ces allégations. Il se trouve que j’ai procédé, il y a près d’un mois, à un rédeploiement très limité d’un responsable à la tête d’une direction particulière. Ce qui explique cette cabale contre ma personne et contre l’institution
Pour terminer sur ce point, je précise que les marchés de médicaments représentent des dizaines de millions de dinars et tout se fait sous le contrôle direct du Premier ministère. Il n’est donc pas dans mes prérogatives, en tant que responsable de la PCT, de répondre aux accusations.
La campagne est donc alimentée par l’ un (ou l’une) des responsables de la PCT ?
Oui. Bon, je m’explique à propos des propos de Dr Mraïhi concernant la mise sur le marché du générique d’un médicament de l’Hépatite C dont le brevet est encore protégé comme le stipulent les conventions internationales.
Le générique est un choix en Tunisie. Car les pays riches abritent les plus grands laboratoires dans le monde. Le générique permet la compression des dépenses de santé sans cesse croissante. Celles-ci représentent près de 6% du PIB en Tunisie et le médicament y représente pas moins de 20%.
Le générique est une solution car il permet l’accès aux services de soins pour les différentes catégories sociales et notamment les malades chroniques.
Les achats de la PCT se limitent aux molécules et à leur AMM (autorisation de mise sur le marché) pour les différents modes d’achat. Il reste que l’achat par appel d’offres a toujours permis l’obtention des meilleurs prix et par conséquent un allègement du coût de la santé.
Quid du marché de l’insuline ?
Là, c’est une fierté des services de la santé en Tunisie et notamment de la PCT. Jusqu’à 2014, il y avait un seul fournisseur d’insuline qui dominait le marché tunisien. L’achat par mode d’appel d’offres à partir de 2014 a permis le changement du fournisseur et une baisse de 53% du prix de l’insuline, ce qui a fortement soulagé le budget des structures hospitalières et du coût de la santé. Va-t-on s’en plaindre ?
Des médicaments de contrefaçon sont parfois en vente en Tunisie. Quelle est l’ampleur de ce phénomène?
De par le monopole d’importation des médicaments fixé par la loi 105 de 1995, on peut affirmer qu’il n’y a pas, aujourd’hui, de médicaments de contrefaçon qui circulent à travers les circuits pharmaceutiques ordinaires. Le système tunisien est une référence dans ce domaine, de l’avis des différentes instances internationales spécialisées en la matière, dont l’OMS.
Pourriez-vous nous donner une idée sur l’évolution de la situation de la trésorerie de la PCT depuis votre nomination, en août 2011 ?
Au moment de ma nomination, la trésorerie accusait un déficit de 83 millions de dinars (MD). A la fin 2011, on a terminé avec 23 MD dans la trésorie. L’année 2012, on l’a terminée aussi avec une trésorerie confortable (+35 MD). A la fin de 2013, et en raison des arriérés de paiement des hôpitaux, nous avons eu de nouveau un déficit de 18 MD, mais on n’a pas tardé à le résorber. Puisque, un an après, on est passé à une trésorerie de nouveau confortable (+28 MD).
En 2015, on a encore fait mieux (+92 MD) et cette année 2016 a bien commencé, puisque, à la fin février dernier, on avait 104 MD dans la trésorerie.
S’agissant de l’évolution du stock des médicaments, on est passé de 248 MD en août 2011 à 410 MD aujourd’hui. Je peux même dire que la période allant de 2011 à 2015 est celle du vrai décollage de la PCT, qui finance, par ailleurs, sur son propre budget, la compensation des médicaments importés au profit des citoyens. L’impact de cette compensation a atteint 98 MD en 2014.
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