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Peut-on sauver la Tunisie d’une faillite annoncée ?

Cafe-Ramadan-Avenue-Bourguiba

Ramadan, séance unique estivale, léthargie et insouciance générale, dans un pays au bord de la faillite!

Le Tunisien doit prendre conscience de la situation économique difficile de son pays et cesser d’exiger de travailler moins et… gagner plus.

Par Nadya B’chir

Un an et demi après les élections de décembre 2014 – dont le but était de remettre le pays sur les rails de la stabilité politique et de la croissance économique –, la Tunisie vit aujourd’hui sous la menace réelle d’une banqueroute. Parole d’experts avertis ! Pour preuve : le dinar vient d’enregistrer son plus bas historique face à l’euro et l’on évoque une grave complication de la situation économique en 2017, avec le remboursement des dettes contractées au cours des 5 dernières années… essentiellement pour payer des salaires et des augmentations salariales!

Cette sorte d’insouciance collective

Face à ces difficultés, les autorités comme les citoyens lambda se complaisent dans un état de torpeur qu’accentue habituellement le mois de ramadan, durant lequel tout le système économique tourne à mi-régime voire au quart de régime. Cet engourdissement s’annonce fatal au regard de son inévitable extension jusqu’à la fin des vacances estivales, soit au mois de septembre voire d’octobre. Exit la conscience nationale, qui cède la place à une sorte d’insouciance collective!

Voilà cinq ans que les premiers signaux d’alerte ont été lancés et, aujourd’hui, nous y arrivons pour de bon : le pays est au bord de la faillite. Pour mieux s’en rendre compte, il suffit d’établir cette comparaison: en juin 2011, l’euro s’échangeait à 1,98 dinar et le dollar à 1,52 dinar. Cinq ans plus tard, l’euro s’échange à 2,433 dinars le dollar à 2,141 dinars, soit les niveaux les plus bas de la monnaie nationale depuis qu’elle a été créée, à la fin des années 1950. La chute brutale du dinar traduit la situation catastrophique de l’économie tunisienne, qui offre une mine patibulaire.

Cette chute dramatique de la monnaie nationale et le creusement du déficit commercial (le pays importe plus ce que il n’exporte) ne manqueront pas d’avoir des répercussions négatives sur le taux d’inflation et le pouvoir d’achat du citoyen. Mais comment diable avions-nous pu en arriver à ce stade?!

Selon les experts en la matière, c’est la baisse de la productivité qui est le principal responsable de cette situation. C’est là un secret de polichinelle, le Tunisien est paresseux : il travaille peu et consomme beaucoup. Or, consommer sans produire génère systématiquement une faille dans le système et par conséquent un bouleversement dans les équilibres macroéconomiques.

La séance unique estivale : archaïque et scandaleuse

Il est, également, des périodes, où le défaut majeur du Tunisien apparaît dans toute sa splendeur : le mois de ramadan et la saison estivale (juin, juillet et août). Lors de cette période, les différents rouages de l’économie nationale tournent à un ralenti scandaleux. Et le gouvernement semble ne disposer d’aucune matière pour les huiler afin de booster la productivité générale.

Néanmoins, en l’absence d’une conscience collective et citoyenne chez le Tunisien, le gouvernement n’est pas exempt de la responsabilité à travers la mise en place d’un système de travail au mieux archaïque et contre-productif. Il s’agit de la séance unique estivale qui, théoriquement, dure en moyenne entre 5 et 6 heures, mais qui, en pratique, se réduit à un horaire de 4 heures.

C’est l’ensemble du secteur public qui tourne sur la base de ce régime sans omettre une frange du secteur privé. Or, depuis que le mois de ramadan coïncide avec l’horaire d’été, la rupture du jeûne est fixée aux alentours de 19h30, ce qui aurait pu accroître significativement la marge de la productivité. Rien n’y fait : le Tunisien est fainéant et le gouvernement l’y encourage davantage.

A ce stade, il serait légitime de s’interroger si le gouvernement craint une réaction négative en décidant une révision du système de la séance unique en dépit de ses fâcheuses répercussions. Car ce système trouve grâce chez le Tunisien et aurait même un caractère sacré. Oui, ne touche pas à ma sieste ! Et pourtant ! La Tunisie connaît une léthargie des plus insupportables et aux conséquences désastreuses. Pour combler le gap de productivité et le manque de recettes, la dette extérieure peut, évidemment, continuer sur sa courbe haussière! Et il n’existe pas de potion magique ou de solution miracle pour aider le pays à sortir la tête de l’eau !

La solution est pourtant évidente : appliquer des mesures urgentes et audacieuses sans accorder ouïe aux protestations déplacées et aux revendications égoïstes. Parmi ces mesures, la révision de la séance unique, qui est une nécessité de premier ordre. Car ce système, décidé voilà une bonne centaine d’années, ne trouve plus justification aujourd’hui, avec le développement des appareils de climatisation.

Le Tunisien doit aussi prendre conscience du caractère douloureusement grave de la situation économique de son pays, désormais, au bord de la faillite, sans exagération aucune, et rompre avec ses mauvaises habitudes, notamment celle qui consiste à exiger de travailler moins et de gagner plus.

Quant au gouvernement, actuel ou futur, il doit jouer son rôle de locomotive et réorienter le gouvernail vers la bonne direction, celle de la bonne gouvernance qui réduit les gaspillages, augmente la productivité et met les intérêts supérieurs du pays au-dessus de ceux des corporations, des lobbies et des partis.

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