«En 2013, tout le monde était contre Ennahdha. En 2016, tous bannissent l’exclusion et adhèrent au processus d’union nationale», s’est félicité Rached Ghannouchi.
Le président d’Ennahdha, qui parlait, samedi, lors d’une cérémonie organisée par le bureau régional du mouvement islamiste à Gafsa, à l’occasion de la fête nationale de la femme (13 août), était particulièrement excité et fier du chemin parcouru par Ennahdha qui, en moins de 3 ans, est passé du statut de paria à celui de partenaire politique crédible et qui fait désormais partie intégrante non pas seulement du paysage politique tunisien mais également du pouvoir en place, ayant été associé, depuis janvier 2015, de la coalition gouvernementale, aux côtés de son adversaire et ennemi juré d’hier : Nidaa Tounes.
Samedi, des ministres d’Ennahdha ont prêté serment aux côtés d’autres ministres du gouvernement Youssef Chahed issus de la gauche progressiste qui ont longtemps refusé de s’associer aux islamistes, à l’instar de Samir Ettaieb, secrétaire général de la Voie démocratique et sociale (Al-Massar).
Qu’il est donc loin le temps où, au lendemain de l’assassinat des dirigeants de gauche Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, les Tunisiens descendaient quotidiennement dans les rues pour exiger la démission du gouvernement dirigé par l’islamiste Ali Larayedh ! Qu’il est loin le temps que les Nahdhaouis, échaudés par le sort réservé aux Frères musulmans d’Egypte après la destitution du président Morsi, craignaient de subir le même sort en Tunisie !
Le message de Ghannouchi est adressé aux extrémistes religieux encore très nombreux dans son mouvement.
Rached Ghannouchi est donc en droit de s’exciter et, surtout, de dire à beaucoup de militants de son mouvement qui sont en rupture avec sa ligne conciliante voire sa compromission avec les laïcs et les RCDistes, que son pari a été gagné.
Samedi à Gafsa, M. Ghannouchi s’est félicité de la voie empruntée par la Tunisie depuis 2013, qui est celle du dialogue national et de la recherche du consensus, estimant que le pays, qui a réussi sa transition politique, doit réussir, aujourd’hui, sa transition économique, appelant les Tunisiens au travail et au labeur.
«Ouvert à tous, le navire-Tunisie peut accueillir tout le monde. Il accostera à bon port, celui du développement et du progrès», a-t-il conclu, un brin lyrique.
I. B. (avec Tap)
Donnez votre avis