Othman Battikh, Mufti de la République.
L’appel du Mufti de la République aux Tunisiens de surseoir aux mouvements de protestation et de se consacrer au travail et aux études n’a pas été du goût de toutes les parties.
Le premier à réagir, le Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES) a critiqué, lundi, le contenu de cette déclaration.
«Il s’agit là d’une ingérence de la part de cette institution dans un domaine qui dépasse ses compétences et qui est lié aux questions économiques et sociales et aux actions militantes pour la défense de la citoyenneté pour tous», souligne le FTDES, une association proche de l’UGTT et des partis de la gauche radicale.
«La déclaration de Dar Al-Ifta a tendance à justifier une politique qui incrimine les mouvements sociaux», a averti le FTDES, soulignant la «gravité» de cette déclaration qui «instrumentalise l’autorité religieuse» du Mufti de la République.
Le Forum a, par ailleurs, appelé la présidence de la république à assumer la responsabilité qui lui incombe dans la protection de la Constitution, garante du caractère civil de l’Etat et des libertés politiques et demandé des explications sur les motivations de cette déclaration, étant donné que le président de la république a, parmi ses attributions, en vertu de l’article 78 de la Constitution, de nommer le Mufti de la République et de mettre fin à ses fonctions.
Dans une déclaration publiée lundi, Dar Al-Ifta a appelé les Tunisiens à «ne pas participer aux mouvements de protestation et sit-in et à se consacrer au travail et aux études», eu égard notamment à «la situation économique difficile» que vit la Tunisie.
L’institution religieuse a estimé que «les difficultés que connaît la Tunisie, notamment sur le plan économique, et leurs répercussions sur le climat social général, commandent de conjuguer tous les efforts dans l’ensemble des régions et exigent des Tunisiens de répondre au devoir sacré, celui de la protection de la nation et de son développement».
I. B. (avec Tap).
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