Un hommage sera rendu à l’historienne d’art et écrivaine Sophie El Goulli, dimanche 9 octobre, à 18 h, à la Galerie Medina, à Tunis, à l’occasion du 1er anniversaire de sa mort.
Par Imed Bahri
Voilà un an, presque jour pour jour, le 10 octobre 2015, nous quittait, à l’âge de 84 ans, Sophie El Goulli, l’une des grandes figures de l’université, de la culture, des arts et des médias, qui a marqué de son empreinte plus d’un demi-siècle de création en Tunisie.
La rencontre de dimanche, qui sera animée par le journaliste et écrivain Ridha Kéfi et le cinéaste Hichem Ben Ammar, qui ont côtoyé de près Sophie El Goulli et connu son parcours et son oeuvre, sera une occasion pour rappeler l’apport de la chère disparue à la culture tunisienne et pour évoquer des souvenirs communs.
La rencontre sera marquée par la présence de nombreux amis, collègues et compagnons de route de Sophie, et, bien entendu, ses frères Taoufik et Mourad et d’autres membres de sa famille.
Née le 4 février 1931 à Sousse, Sophie El Goulli a, comme tous les enfants de sa génération, a fait des études coraniques au koutteb, avant de suivre des études primaires et secondaires à l’Institut Emilie de Vialar, à Tunis-Belvédère.
Maîtrisant le français, le latin, le grec ancien, l’anglais et l’italien, elle a eu un baccalauréat Philo-Lettres en 1950-1951, avant de poursuivre des études supérieures à l’Institut des hautes études de Tunis, à la Faculté d’Aix en Provence et à celle de la Sorbonne, à Paris.
Diplômée d’anglais, de lettres modernes et de littérature comparée et titulaire d’un certificat d’études théâtrales et d’un doctorat d’art et d’archéologie, elle a enseigné le français et l’anglais dans les lycées de Tunis et de Paris, avant d’intégrer le ministère des Affaires culturelles comme responsable de la division du cinéma et de la documentation puis comme chef de service des arts plastiques.
Sa carrière au ministère s’étendra de 1973 à 1980, et elle donnera, parallèlement, des cours d’histoire de l’art à la Faculté des lettres de Tunis, d’histoire du cinéma à l’Institut de presse et des sciences de la communication (IPSI) et l’histoire de l’art à l’Institut d’art, d’architecture et d’urbanisme de Tunis.
Cinéphile, Sophie El Goulli animera pendant 5 ans de 1953 à 1958, le ciné-club de Tunis et créera, avec l’aide d’Henri Langlois, en 1958, la Cinémathèque Tunisienne, qu’elle dirigera pendant plusieurs années.
Parallèlement à sa mission culturelle et universitaire, Sophie El Goulli a collaboré à la plupart des journaux francophones de Tunis : ‘‘L’Action’’, ‘‘La Presse’’, puis ‘‘Le Temps’’.
Elle a écrit aussi dans de nombreuses revues en Tunisie et en France.
Poétesse à ses heures, elle a publié plusieurs recueils de poèmes : ‘‘Signes’’, 1973, ‘‘Vertige solaire’’, 1981, ‘‘Lyriques’’, 1989, et ‘‘Cantate’’, 1990. Elle a aussi écrit beaucoup de poèmes et de contes pour enfants, dont certains cosignés avec son ami Nefla Dhehab.
Sophie El Goulli a publié aussi de nombreux ouvrages, notamment des essais sur ‘‘Ammar Farhat’’ et ‘‘Amara Debeche’’ et un autre sur ‘‘Les arts plastiques en Tunisie’’, qui reprend le texte de sa thèse de doctorat soutenue en 1974 à l’Université de Paris.
Elle est aussi, et surtout, romancière. On lui doit les deux volumes des ‘‘Mystères de Tunis’’, tome 1 (1993) et tome 2 (2010) et ‘‘Hashtart’’ (2004), des romans inspirés de l’histoire ancienne et contemporaine de la Tunisie.
Ridha Kefi, directeur de Kapitalis, qui a longtemps côtoyée et dont il fut l’un des proches amis de Sophie El Goulli, témoigne : «C’était une femme de grande qualité comme la Tunisie sait en enfanter. Cultivée, discrète, amicale et attentionnée, elle était également très généreuse avec ses proches et amis. Je l’ai connue quand je dirigeais les pages culturelles du quotidien ‘‘Le Temps’’, dans les années 1980. Je lisais avec plaisir ses critiques artistiques, ses articles littéraires, mais aussi ses récits et nouvelles. Car elle était une conteuse hors pair. J’ai publié en feuilleton son roman populaire ‘‘Les Mystères de Tunis’’ que j’ai édité moi-même aux éditions Annawras. Aux dernières années de sa vie, l’âge et les problèmes de santé l’ont éloignée de la vie publique, mais elle a gardé la même curiosité et la même flamme. Dieu a son âme».
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