Ahmed Masood.
Selon Ahmed Masood, directeur au FMI, la Tunisie doit créer un consensus autour de la maîtrise de sa masse salariale et la mobilisation de ressources pour l’investissement.
«Il faut maîtriser la masse salariale, qui représente 14% du PIB, d’une manière juste et équitable», a déclaré, à Washington, le directeur du département Moyen-Orient et Asie Centrale du Fonds monétaire international (FMI), Ahmed Masood, dans une interview accordée à l’agence Tap, en marge des réunions annuelles du FMI et de la Banque Mondiale, tout en appelant à «créer un consensus social autour des réformes prévues par le gouvernement».
Tap : La Tunisie a engagé plusieurs réformes dans le cadre du programme de coopération avec le FMI. Mais, le pays trouve des difficultés à mettre en œuvre une partie de ces réformes, notamment, celles concernant la maîtrise de la masse salariale. Est-ce que le FMI est conscient du fait que l’attachement à cette réforme pourrait menacer la paix sociale en Tunisie ?
Ahmed Masood: Effectivement. Je crois qu’il est important de penser à changer la structure de la dépense publique en Tunisie parce qu’actuellement, la masse salariale qui représente 14% du PIB est très élevée par rapport à d’autres pays de la région Mena, qui, elle-même présente des masses salariales très élevées comparées à d’autres régions du monde.
Il faut être conscient que l’impact de cette situation pourrait être le manque de ressources suffisantes pour l’investissement et l’infrastructure, particulièrement, dans les régions qui n’avaient pas bénéficié des investissements dans le passé.
La situation pourrait aussi avoir comme impact le manque de ressources suffisantes pour la prévention sociale, l’éducation et la santé.
Je crois que le gouvernement tunisien est conscient de cet enjeu et il doit mener cette réforme de manière juste et équitable pour que les citoyens comprennent pourquoi et comment réformer. Ceci pourrait aider à créer un consensus social, sans lequel, il sera difficile de créer ce genre de changement.
La question de la masse salariale doit être discutée dans le cadre de la révision de la qualité des services publics.
Une délégation du FMI a effectué, récemment, une visite en Tunisie. Est-ce qu’il s’agit d’une mission de révision ?
Oui, une délégation du FMI s’est rendue en Tunisie, la semaine dernière. Mais, il ne s’agit pas d’une mission de révision. C’est plutôt une visite visant à mettre le point sur les acquis réalisés par la Tunisie jusqu’à aujourd’hui et sur les difficultés rencontrées.
Le gouvernement tunisien a besoin de fonds pour financer le budget. Est-ce que le FMI envisage de décaisser une nouvelle tranche du prêt conclu avec la Tunisie, avant la fin de cette année?
Nous sommes en train de négocier avec la délégation tunisienne qui participe aux réunions annuelles du FMI et de la BM pour fixer un rendez-vous pour la prochaine révision (suite à laquelle s’effectuera le décaissement du prêt) et cela aura lieu dans les prochains jours.
La maîtrise de la finance publique n’est pas un objectif en soi. Qu’est ce que vous suggérez pour que la Tunisie puisse sortir du marasme économique et réalise des taux de croissance supérieurs ?
Je crois que la structure de la dépense publique et son orientation vers l’investissement serait important au moment actuel. Aussi, les efforts déployés par la Tunisie pour améliorer le secteur financier, en particulier, les banques et les lois adoptés dans le but d’inciter à l’investissement, sont des facteurs de nature à aider le pays à réaliser des taux de croissance meilleurs.
Source: Tap.
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