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A propos de la réforme de l’enseignement du français

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Contestée par les élèves et les enseignants, la réforme du système d’évaluation et du régime continu en français semble être une confusion sans précédent.

Par Naceur Bouabid *

Les décisions ayant été prises récemment dans le contexte de la réforme du système éducatif, inhérentes en l’occurrence au calendrier des vacances scolaires et à l’adoption du système du régime semestriel, n’ont pas fait de remous, car émanant de la commission mixte pluripartite.

En revanche, la réforme récemment annoncée en catimini relative au système d’évaluation et du contrôle continu n’a pas été pour plaire aux élèves qui ont réagi dans certains établissements en perturbant les cours. Les enseignants, non plus, ne sont pas pour être convaincus d’une telle réforme plutôt accablante, ni le syndicat général qui a vite réagi en appelant à son boycott.

Donner à respirer à l’enseignant

La contestation a concerné particulièrement le système du contrôle continu en français qui n’a fait qu’accabler de davantage de contraintes l’enseignant. Depuis longtemps, et jusqu’à nouvel ordre, l’enseignant passe le gros de son temps à préparer des devoirs de contrôle ou de synthèse, à les faire réaliser par les élèves, à les corriger; il n’en finit avec un que pour s’activer, sans répit, à se préparer à un autre. La cadence intenable des épreuves ne laisse guère le choix à un enseignant discipliné, soucieux de l’application scrupuleuse des consignes et des recommandations, de s’étendre sur une question ou une autre, ou de se permettre de s’attarder, sans se compromettre avec le régime astreignant du contrôle continu en vigueur, sur un aspect ou à un autre. D’où les cours donnent l’impression de n’être administrés que pour pourvoir de matière à servir pour l’évaluation. Telle est la tendance en vigueur, peu encline, donc, à la formation intelligente et rationnelle des têtes.

La réforme escomptée n’avait d’autre choix que de parer à une telle défaillance préjudiciable, unanimement déplorée, et donner à respirer à l’enseignant pour pouvoir improviser en fonction des besoins de sa classe et remédier, si nécessaire, aux carences signalées pour consolider les acquis et parfaire, autant que possible, la formation de ses élèves, mais contre toute attente, hélas, celle annoncée n’est que pour consacrer cette lacune manifeste, soumettant en fin de compte enseignants et apprenants au rythme stressant et à la fréquence boulimique des tests et des devoirs, pire qu’avant : entre le 16 septembre, date effective du démarrage des cours, et le 7 janvier, date de la remise finale des notes, l’enseignant devra désormais s’acquitter de l’attribution de 7 notes à chaque élève, correspondant aux 7 épreuves inscrites dans le nouveau régime : 2 tests oraux à prévoir, 2 interrogations écrites inopinées, 2 devoirs de contrôle et 1 de synthèse.

Une réforme pensée et conçue unilatéralement

Au lieu de tenir compte des doléances des enseignants et des sollicitudes unanimes incessantes appelant à l’allègement de la fréquence des épreuves, voilà les concepteurs de ce système ahurissant d’évaluation et du contrôle continu qui y font fi, se plaisant tout bonnement dans la persévérance dans l’erreur.

Pensée et conçue unilatéralement par la seule commission des inspecteurs pédagogiques, la réforme devait être soumise au préalable à une concertation élargie au sein de la commission mixte chargée de la réforme pour statuer sur le bien fondé de la proposition apportée.

Or, certains inspecteurs, n’étant pas de cet avis, se sont empressés de l’annoncer prématurément en communiquant des notes explicatives ne portant ni cachet ni signature et détaillant le régime semestriel inhérent au contrôle continu en français, voire la nature et la consistance de l’interrogation écrite, induisant ainsi en erreur les enseignants en donnant pour officiel ce qu’ils savaient pertinemment de l’ordre de l’officieux.

Pourquoi une telle hâte dans ce contexte délicat et difficile où la prudence devra être de mise, où il suffit de peu pour créer du remous, où tout est prétexte pour semer le doute et la confusion et où la moindre étincelle est à même de provoquer une avalanche de réactions contestatrices parfois disproportionnées?

* Enseignant de français.

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