Malgré sa maturité, le Marathon Comar, dont la 31e édition s’est tenue dimanche dernier à Tunis, n’a pas encore atteint les standards internationaux. Et pour cause.
Par Zohra Abid
Le dernier marathon s’est déroulé dans une ambiance festive et bon enfant, avec la participation de 2800 coureurs dont 137 étrangers en provenance de 18 pays. C’était une occasion pour relever les points forts de cet événement, mais aussi les manquements qui, jusqu’ici, l’empêchent d’être inscrit dans le calendrier international de la discipline.
Des discussions avec le Marathon de Milan
C’est ce qu’ont relevé plusieurs professionnels tunisiens et étrangers, venus inspecter le déroulement de l’événement à tous niveaux pour étudier les moyens d’en améliorer l’organisation pour en faire un rendez-vous incontournable parmi les grands marathons de la Méditerranée.
Selon Andrea Basso, coordinateur général du Marathon de Milan, il n’y absolument rien à reprocher à l’équipe de Lotfi Haj Kacem, président du comité d’organisation du Marathon Comar, et Kaouther Attia Ridane, secrétaire générale, qui ont l’appui de Hakim Ben Yedder, le directeur général des Assurances Comar, la société qui a eu le mérite de lancer cette discipline sportive en Tunisie il y a 3 décennies.
L’animation de la ville.
«Nous avons entamé depuis 2 ans, les discussions avec les organisateurs du Marathon Comar. Nous avons remarqué le sérieux et l’engagement de cette société qui s’est bien investie. C’est la raison pour laquelle nous sommes ici dans l’espoir de voir évoluer le marathon tunisien pour qu’il soit enfin inscrit sur le calendrier international», a indiqué M. Basso à Kapitalis.
Les athlètes ont besoin de la foule des supporteurs pour se dépasser.
Le ministère du Tourisme aux abonnés absents
Pour pouvoir inscrire le Marthon Comar dans le calendrier international, il faut «développer une stratégie de l’événement afin qu’il soit plus attractif au double niveau de la course et de l’intérêt touristique», a expliqué le coordinateur général du Marathon de Milan, qui n’a pas manqué de constater l’absence du ministère du Tourisme, alors qu’il est bien concerné par cette manifestation.
Andrea Basso.
«Le parcours est plat. Ceci est bon pour la course, mais elle reste trop monotone. Pour le coureur européen qui se rend à l’étranger, le parcours doit être beau et agréable. Revoir le parcours est donc important. Nous avons proposé son changement pour que le départ soit de Carthage et l’arrivée à Tunis. Un tel parcours reflétera mieux la beauté de la Tunisie et c’est ce que l’on cherche exactement pour promouvoir le pays à travers le sport», a-t-il souligné.
Les enfants aussi étaient de la fête.
C’est également le constat relevé par Dario Marchini, journaliste à « Runner’s World » et directeur sportif de Wings for Life Wold Run, qui pense que le marathon n’est pas seulement une compétition sportive et des gagnants. Il s’agit de profiter de la course pour créer l’événement. «Il faut s’ouvrir sur les jeunes et les familles et communiquer davantage dans la ville, sans tourner le dos aux coureurs en provenance des régions. Il faut trouver une solution permettant à la ville de vivre au rythme de l’événement et ce n’est qu’ainsi qu’on peut élever le niveau de l’organisation aux standards internationaux», a ajouté M. Marchini.
Hakim Ben Yedder et Majdoline Cherni.
Pour que la fête soit totale
Malgré la présence des sponsors, le Marathon Comar manque encore de soutien, estime l’expert italien. «Le lieu où se déroule le marathon doit ressembler à un grand village où l’on trouve de tout. Ce village ne devient possible qu’avec le soutien de plusieurs sponsors. Pour atteindre ce niveau, il faut sensibiliser tout le monde à l’événement, en faisant de l’animation tous les vendredis et samedis, plusieurs semaines auparavant», a-t-il enchaîné, en précisant que le Marathon Comar a toutes les chances de réussir à l’international, surtout que sur le plan sécuritaire, tout semble s’être bien déroulé, le déploiement policier étant à la hauteur de l’événement.
Kaouther Ridane entourée de son équipe.
D’autres partenaires locaux du Marathon Comar ont proposé l’adoption d’un autre circuit que celui qui mène Tunis à La Goulette.«Le marathon de la ville de Tunis ne doit pas se dérouler en dehors des murs de la capitale. Ce serait formidable si on est autorisé à faire le tour des Portes de Tunis», a indiqué l’un d’eux à Kapitalis, regrettant, également, au passage, l’état de saleté et les poubelles à ciel ouvert dans les endroits historiques de la capitale.
Le gouverneur Omar Mansour a tenu à prendre part à l’événement.
Interrogé à ce sujet par Kapitalis, le gouverneur Omar Mansour, qui était présent au 31e édition du Marathon Comar, a répondu: «Tant que je suis en poste, je combattrai toute chose qui nuit aux citoyens et à l’image du pays. Je vais intervenir rapidement pour que les Portes de Tunis soient réhabilitées et mises en lumière. Ce sera mon combat pour mettre fin à l’anarchie et que tout le monde assume enfin ses responsabilités».
Dario Marchini.
M. Mansour, qui accompagnait la ministre de la Jeunesse et du Sport, Majdoline Cherni, et Hakim Ben Yedder et tout le staff de l’organisation a promis de demander un rapport à ses services sur l’état des Portes de Tunis pour essayer de remédier aux défaillances constatées.
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