Ghannouchi s’entretient avec le journaliste Mohammed Osman.
Le chef du parti islamiste Ennahdha n’a pas tari d’éloges sur «l’importance que le Qatar accorde à la Tunisie et à son expérience démocratique.»
A commencer par la dernière contribution, à savoir le soutien qatari très actif à l’organisation de la conférence sur l’investissement, Tunisie 2020, les 29 et 30 novembre, où le rôle, la participation et l’appui du Qatar ont été «extrêmement passionnants», selon le dirigeant islamiste, dans un entretien au quotidien qatari ‘‘The Peninsula’’. Il en veut pour preuve la présence à la conférence d’une importante délégation qatarie et de l’émir, Cheikh Tamim Bin Hamad Al-Thani.
Pour Ghannouchi, «ce n’est pas la première initiative que le Qatar a prise pour venir en aide à la Tunisie. Il y en a eu plusieurs autres de ces gestes de générosité et de soutien.»
Dans son élan élogieux, le président du parti islamiste ira même jusqu’à attribuer au Qatar le titre «partenaire de notre révolution», apportant une précision de taille à cette reconnaissance: «Al-Jazeera qui a été un soutien précieux à la transition démocratique en Tunisie. C’est Al-Jazeera qui a donné de la voix à notre cause, à notre révolution et qui a fait connaître au monde nos dirigeants.»
«Le soutien moral et financier du Qatar à la Tunisie s’est poursuivi, au lendemain de la révolution – à tous les gouvernements qui se sont succédé à la direction des affaires du pays et à toutes les étapes de transition, depuis 2011», a ajouté Ghannouchi.
Et, afin de dissiper les doutes, le chef d’Ennahdha s’empresse d’ajouter: «Lorsque le Qatar a accordé des millions de riyal pour soutenir la Tunisie, il ne l’a pas comme étant un cadeau à un parti politique. Non, il a offert son soutien à l’administration et au gouvernement tunisiens.»
«Nous sommes heureux que le Qatar soit notre partenaire et notre allié», conclut Ghannouchi.
A travers ces louanges appuyées, Ghannouchi prouve que les islamistes tunisiens ont la reconnaissance du ventre, car le Qatar n’a pas aidé la révolution tunisienne en tant que telle, comme il le dit, mais le parti Ennahdha. Ce qui est totalement différent. Et les Tunisiens savent très bien que le Qatar, en réalité, redoute la contagion révolutionnaire, qui risque de balayer le régime moyenâgeux en place dans la péninsule, et soutient les Frères musulmans et même les djihadistes en Libye, en Syrie et en Irak pour tenter de détourner les révolutions du ‘‘Printemps arabe’’ et empêcher le réveil démocratique des peuples.
Le Qatar est donc plutôt l’agent de la contre-révolution islamiste dans la région.
Marwan Chahla
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