L’Institut Pasteur de Tunis (IPT) dément catégoriquement les graves allégations et les accusations portées à son encontre par la chaine Al Jazeera Documentaire.
Suite à la projection du film documentaire « هل يصنع القتلة الدواء؟ », diffusé samedi le 17 décembre 2016, par la chaîne qatarie, l’IPT a publié un communiqué où il «condamne avec la plus grande vigueur la campagne calomnieuse et diffamatoire orchestrée par cette chaîne et la mauvaise foi de la réalisatrice du documentaire», la journaliste cinéaste Imen Ben Hassine.
Tout en rassurant le public quant à l’absence de tout risque ou danger lié à l’essai thérapeutique réalisé dans les régions de Kairouan, Gafsa et Sidi Bouzid où sévit la leishmaniose cutanée, l’IPT affirme que «les résultats de cette recherche donnent un grand espoir de mettre à la disposition des patients atteints de cette maladie un nouveau médicament sous forme d’une pommade appropriée, efficace et simple d’utilisation» et forme l’espoir d’«obtenir, après clôture de cet essai à l’échelle internationale, l’accord de fabriquer ce médicament en Tunisie.»
L’IPT confirme, par ailleurs, que «cette recherche internationale a été réalisée en collaboration avec l’Institut Walter Reed à Washington», en précisant que cet institut, qui est placé sous la tutelle du Département américain de la Défense, «est l’un des plus grands centres de recherche dans le domaine de la santé au monde» et «développe notamment des médicaments et des vaccins contre plusieurs maladies graves telles que le paludisme et le sida.»
Pour l’IPT, cette «campagne diffamatoire» qui «intervient pour la deuxième fois en neuf mois», «confirme que l’une des plus prestigieuses institutions tunisiennes publiques de recherche en santé, ses chercheurs et son personnel ainsi que le ministère de la Santé, font l’objet d’une tentative acharnée et organisée de déstabilisation et de dénigrement.»
Revenant sur le documentaire incriminé, l’IPT précise qu’il est «un modèle scandaleux de désinformation et de manipulation médiatique» et explique que «le tournage des entretiens avec certains membres de l’Institut s’était déroulé dans des conditions calamiteuses ne respectant pas les règles les plus élémentaires de déontologie», ajoutant que «les thèmes abordés, le montage des interviews réalisées et le choix de la date de la diffusion du film (le jour de la célébration du 6e anniversaire du déclenchement de la révolution tunisienne, Ndlr) laissent peu de place au doute sur les véritables intentions des producteurs et des commanditaires.»
«La désinformation atteint son apogée avec la diffusion de témoignages de personnes n’ayant pas participé à cet essai clinique», souligne l’IPT, qui précise que, «dès la première campagne médiatique lancée par la réalisatrice du documentaire, en mars 2016, les patients ayant participé à cette recherche, ou leurs tuteurs, ont rédigé une pétition dénonçant les propos dégradants et malveillants tenus à leur égard par la productrice et ses relais médiatiques les qualifiant de ‘‘cobayes’’.»
Tout en confirmant que «leur participation à l’étude était volontaire et éclairée», ils «affirment leur confiance en l’Institut Pasteur de Tunis» et «réclament des poursuites contre les parties impliquées dans cette campagne médiatique diffamatoire», ajoute l’IPT, qui rappelle que «la recherche thérapeutique conduite par l’Institut Pasteur de Tunis a été évaluée positivement par les experts à l’échelle nationale et internationale», en citant les communiqués d’appui émanant des instances réglementaires nationales (ministère de la Santé, Comité national d’éthique médicale, Conseil national de l’ordre des médecins), de sociétés savantes (Société tunisienne de pathologie infectieuses, Société tunisienne de dermatologie et vénérologie, Association nationale des médecins vétérinaires de Tunisie) et de structures académiques (Université Tunis El Manar, Faculté de Médecine de Tunis, Faculté de Pharmacie de Monastir), et qui attestent sans équivoque de la pertinence et de la haute qualité de l’étude réalisée.
«Le communiqué du Comité national d’éthique médicale ainsi que le point de vue du secrétaire général de l’Association médicale mondiale, initiatrice de la Déclaration universelle d’Helsinki, confirment sans doute aucun la conformité de cette recherche avec les principes de l’éthique», souligne encore l’IPT, ajoutant que «les essais réalisés se sont déroulés dans la transparence la plus totale. Les protocoles sont enregistrés et disponibles publiquement. L’étude a été conduite exclusivement par des équipes tunisiennes sans participation étrangère. L’inclusion de mineurs dans l’étude était scientifiquement nécessaire, dictée par les données épidémiologiques locales. La leishmaniose cutanée constitue en effet, un problème de santé publique en Tunisie et touche dans plus de 60% des cas des enfants en âge scolaire.»
Par ailleurs, et contrairement à ce qui est affirmé par Al Jazeera, «le produit utilisé n’est pas encore fabriqué par un industriel et ne fait partie de la liste des médicaments de la compagnie Teva», précise l’Institut, ajoutant que, «comme dans tous les essais de phases 2 ou 3, les échantillons du médicament servant à la recherche clinique, sont produits en petites quantités sous la responsabilité du promoteur du programme selon sa formule (Institut Walter Reed)». Pour la phase 2 de la recherche, «la production de ces échantillons a eu lieu à l’Université d’Iowa, Etats-Unis», et pour la phase 3 de l’essai, «le promoteur a commandé les lots cliniques aux laboratoires Teva -Etats-Unis».
Pr ailleurs, l’Institut Pasteur de Tunis affirme avoir eu la garantie que «ces échantillons respectaient les normes de qualité et de sécurité suite au contrôle effectué par un laboratoire indépendant en France, avant toute utilisation de ces échantillons.»
En conclusion, l’IPT affirme de nouveau qu’il «défendra sa réputation, celle de ses chercheurs et la dignité des volontaires-participants à l’étude clinique par tous les moyens légaux» et qu’il «entend engager les poursuites judiciaires qui s’imposent à l’égard de toute partie qui s’est associée à cette campagne de calomnies et de diffamation.»
Source : communiqué.
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