Anis Amri et Mohamed-Lahouaiej Bouhlel, enfants de l’«islam en colère», si cher à Rached Ghannouchi.
Si le Mossad a lâchement fait un «martyr» tunisien, deux jeunes terroristes tunisiens en ont fait plusieurs dizaines, lors des attentats de Nice et de Berlin.
Par Salah El-Gharbi
A l’heure où l’on scande des slogans d’indignation contre le Mossad, dénonçant le crime crapuleux visant un de nos compatriotes, l’ingénieur Mohamed Zouari, ancien membre de la branche militaire du parti islamiste palestinien Hamas, tué le 15 décembre devant chez lui à Sfax, la dure réalité nous rattrape, celle d’un pays qui compte le contingent le plus important et le plus actif en matière de terrorisme international… rapporté au nombre d’habitants.
Du Bardo à Sousse, et de Nice à Berlin
Une fois encore un des nôtres défraie la chronique à l’échelle planétaire, avec son nom qui résonne et sa photo affichée sur les écrans des télés du monde entier. Ainsi, après le tristement célèbre Mohamed-Lahouaiej Bouhlel, auteur de l’attentat de Nice, avec son camion-bélier, le 14 juillet dernier, voilà qu’Anis Amri, un jeune de 21 ans, originaire de Oueslatia, vient de recourir au même mode opératoire en tuant 12 individus et en blessant 48 autres, le 19 décembre courant, à Berlin.
Si le Mossad a lâchement fait un «martyr», nos deux jeunes Tunisiens en ont fait des dizaines et ce, en un temps record.
Depuis la confirmation de la nationalité tunisienne du terroriste de Berlin, dans la soirée du lundi 24 décembre, à la suite de ce dernier drame, notre pays est stigmatisé, pointé du doigt comme étant un pourvoyeur des agents de la mort et une sorte de pépinière pour terroristes.
Ainsi, quelques minutes ont suffi pour que les efforts colossaux déployés laborieusement depuis deux ans afin de faire oublier les attentats du Bardo, le 18 mars 2015, et de Sousse, le 26 juin de la même année, où des dizaines de touristes étrangers ont trouvé la mort, viennent d’être pulvérisés par le geste stupide d’un jeune, une fois encore, fourvoyé par une culture mortifère, celle de l’islamisme radical.
Malgré l’horreur de l’action, on entend déjà certaines voix expliquer, excuser, pour enfin justifier, implicitement, l’innommable et l’arbitraire.
Aujourd’hui, même si les fervents défenseurs de notre supposée «identité» s’empressent publiquement de condamner l’attentat perpétré par Anis Amri, après s’être embarrassés de reconnaître que la victime du Mossad était un des leurs, ils continuent, en privé, de manifester une certaine indulgence suspecte à l’égard de l’horreur.
En fait, ces voix sourdes ne semblent pas entendre les cris de douleur des Berlinois, habitants d’une ville tolérante, qui avait ouvert ses bras pour accueillir les réfugiés.
L’«islam en colère» cher à Rached Ghannouchi
Une fois encore, l’«islam en colère», si cher à Rached Ghannouchi, le président du parti islamiste Ennahdha, a choisi de sévir de la pire des manières en détruisant des vies innocentes, mettant ainsi dans l’embarras et la confusion une grande partie de nos concitoyens face à cette réalité cauchemardesque qui leur est, à la fois, étrangère et malheureusement assez proche.
Mais quels enseignements à tirer de ces drames?
Le parcours d’Anis Amri, ce jeune délinquant brutal, émigré clandestin, instrumentalisé par la mouvance djihadiste en Allemagne même, mérite d’être médité. Il est le produit d’une culture profonde, celle de la violence qui, refoulée sous le régime répressif de Ben Ali, exacerbée par l’affaiblissement de l’autorité de l’Etat après le 14 janvier 2011, se trouve récupérée par une idéologie portant en elle les germes de la destruction, pour donner, ainsi, vie à des monstres.
En fait, ce jeune aliéné n’est pas le spécimen d’une «génération spontanée». Comme tant d’autres funestes vocations, il a poussé dans un terreau de chez nous, baigné dans un environnement culturel toxique, fermenté par l’orthodoxie islamiste, par les discours dans lesquels la haine est banalisée, la violence glorifiée et la mort sanctifiée.
Aussi triste que soit cette réalité, il est temps qu’au lieu de faire de la victimisation un fonds de commerce, justifiant toute manifestation de la brutalité, prônant des discours discriminatoires à l’égard des adversaires de l’orthodoxie islamiste, nos politiques doivent faire preuve de lucidité et de courage pour poser les bonnes questions et chercher les solutions appropriées afin que nos concitoyens n’aient plus à rougir en regardant les télé-journaux nationaux ou étrangers.
Et l’aveuglement des Occidentaux
Toutefois, si le drame de Berlin nous interpelle en tant que Tunisiens, il doit aussi alerter l’opinion publique occidentale sur les égarements de ses gouvernants. En effet, cette tragédie a eu lieu à l’heure où l’Occident s’indignait contre Poutine et Bachar, s’émouvait sur le sort des habitants d’Alep-Est, comme pour rappeler à ces Occidentaux leur aveuglement, en armant une soi-disant résistance syrienne qui s’est révélée être constituée, en grande partie, de djihadistes coupeurs de tête.
Abusés par leur méfiance à l’égard des Russes, trompés par la force médiatique des Frères musulmans et de leurs innombrables filières, enivrés par une vision presque angélique de la démocratie et des «droits de l’homme», les Occidentaux se sont longtemps refusés d’admettre qu’on était face à un phénomène complexe qui méritait une approche plus ferme et plus appropriée.
La multiplication des actions terroristes perpétrées au cours de deux dernières années en Europe occidentale aurait dû alerter les responsables de ces pays et les éclairer sur la nature de ce qu’on appelle l’«islam politique», cette idéologie destructrice qui vise à «islamiser le monde», au lieu de se poser des questions sur l’autoritarisme de Sissi en Egypte.
Par conséquent, il est temps qu’après les tragédies du Bardo, de Sousse, de Paris, de Nice, et de Berlin, les Occidentaux en général et les Européens en particulier retrouvent la raison et soient plus sensibles aux voix de ceux qui, depuis des années, tirent la sonnette d’alarme, dénonçant l’angélisme des pouvoirs publics et l’ingénuité des médias «humanistes», souvent manipulés par des supposées organisations des droits-de-l’homme, à l’image de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
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