La société civile lance une compagne pour l’abolition de l’article 227 bis du code pénal tunisien et de toutes les lois discriminantes et de violence à l’égard des femmes.
Dans ce cadre, un appel a été rédigé à Tanger, durant le Forum Social Maghreb Machreq et qui a été soumis à signature de nombreuses activistes et associations. Cet appel, que nous reproduisons ci-dessous, peut être signé par les lecteurs. Il est disponible sur une page Facebook dédiée. Le but étant de peser sur l’opinion publique et les médias et de faire également exploser le carcan des mentalités rétrogrades.
Appel aux différents acteurs de la société civile d’Afrique, du Maghreb et du monde arabe pour l’abolition de l’article 227 bis du code pénal tunisien :
Il y a quelques semaines en Tunisie, une enfant âgée d’à peine 13 ans a été violée par un homme de 22 ans.
Malheureusement, le bourreau n’a nullement été puni. Toute poursuite pénale à son encontre a été abandonnée, et cela grâce au fameux article 227 bis du code pénal.
Voici ce que dit in extenso, le texte: «Est puni d’emprisonnement pendant six ans, celui qui fait subir sans violences, l’acte sexuel à un enfant de sexe féminin âgé de moins de quinze ans accomplis. La peine est de cinq ans d’emprisonnement si l’âge de la victime est supérieur à quinze ans et inférieur à vingt ans accomplis. La tentative est punissable. Le mariage du coupable avec la victime dans les deux cas prévus par cet article arrête les poursuites ou les effets de la condamnation.»
Cette loi scélérate, en totale contradiction avec la nouvelle constitution dont s’est dotée la Tunisie post-révolutionnaire, ainsi que les conventions internationales qu’elle a ratifiées (Cedaw), pour lutter contre toutes les formes de discrimination et de violence à l’encontre des femmes, traduit l’esprit patriarcal qui régit tout le corpus et arsenal juridique.
Malgré les avancées – certes notables – les femmes restent toujours des citoyennes de seconde zone, sous tutelle, des êtres mineurs qui n’ont jamais été considérées comme l’égal de l’homme.
Aujourd’hui, face aux cas qui se multiplient, en Tunisie comme ailleurs dans le Maghreb et le monde arabe, il est temps d’arrêter de se voiler la face et de considérer le Code du statut personnel (13 août 1956) comme étant «l’exception tunisienne», parce que entre autres, il a aboli la polygamie et relevé l’âge du mariage à 18 ans, et de mettre fin à de telles exactions et violations des droits de l’être humain et de l’enfant.
Il nous a semblé que le Forum Social Maghreb Machreq, comme dynamique et espace de parole et de liberté, est le lieu idéal pour alerter les opinions publiques et réunir les efforts pour pouvoir peser sur les décisions futures.
Nous citoyennes et citoyens du monde et membres de différentes associations de l’immigration et d’ailleurs, lançons un appel à tous ceux qui se sentent concernés par la question, pour dénoncer les différents textes qui fragilisent les femmes et d’agir en tant que société civile pour sensibiliser les citoyennes et citoyens et les politiques à ces «anachronismes» juridiques. Il est urgent de traiter la question avec sérieux, d’autant plus que le Liban et le Maroc viennent d’abolir cette loi.
Premiers signataires
Aida Azar ; Alima Boumediene Thierry ; Aziz Idomine (ADALA) ; Aziza Ellouaziri (ODCCP); Bachri Moutik ; Boualam Izahoun ; Catherine Verbranggen ; Chadia Arab (IDD); Choukri Karmine (ODDH); Daniel Kend, Driss El Korchi; Fatima Tharwan; Félicité Perpétue Boum (AMID), Hedi Chenchabi (AIDDA); Hend Mizouni (CVDTunisie); Hicham Rzaoui (UGTM) ; Houda Zekri (Collectif 3 C); Ibtissem Mzibri (Mouvement ANFESS démocratique) ; Jamila Gouaima (ODCCP); Jamila Lammati; Jean-Emile Biyong (AMID); Kabira Chatire, Parti Socialiste Unifié (Maroc); Mohamed Bazza (IDD); Mohamed Ben Saïd (UTAC); Mohamed Leghtas (Forum des Alternatives Maroc/Joussour); Mokhtar Merkaoui; Moncef Giedouar (FTCR); Mourad Allal (CRLDHT); Nacer El Idrissi (ATMF); Naïma Bentayeb; Radhia Younes; Raja Dahmani (ATFD); Raoudha Faouel (FTCR); Salma Saidy; Soumia Daghor; Tarek Benhiba (FTCR); Wafa Hamareffas (AMIS); Wassila Ayadi; Yasmina Chouaki; Zohra Lamouchi (UGTT); associations Femmes Plurielles…
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