Le président Caïd Essebsi appelle l’Union européenne (UE) à développer une stratégie globale pour la rive sud du bassin méditerranéen.
Par Marwan Chahla
En visite officielle de deux jours en Italie, la première d’un chef de l’Etat tunisien depuis la révolution du 14 janvier 2011, le président Béji Caïd Essebsi a eu une série d’entretiens, mercredi 8 février 2017, avec les hauts responsables de l’Etat italien, notamment le président Sergio Mattarella, le chef du gouvernement Paolo Gentiloni, le président du Sénat Pietro Grasso et la présidente de Chambre des députés Laura Boldrini – en présence des deux présidentes des commissions des relations externes du législatif italien.
Lors d’une conférence conjointe, à l’issue de sa rencontre avec son homologue italien, M. Caïd Essebsi a rappelé que M. Mattarella a eu l’occasion de «visiter la Tunisie (à la mi-mai 2015, ndlr) à un moment difficile pour notre pays, au lendemain des attentats (l’attaque contre le musée national du Bardo, le 18 mars 2015, ndlr). A présent, cela fait partie du passé. Aujourd’hui, la sécurité en Tunisie a atteint les niveaux de ce qu’elle est en Europe. Ce qui me permet d’inviter les Italiens à venir nous rendre visite.»
Le président Caid Essebsi reçu par le président du Sénat italien Pietro Grasso.
Le président de la république a ajouté que les relations des deux pays remontent au temps des Rome et Carthage antiques et que «même aujourd’hui, des liens forts de coopération les unissent encore.»
Sur le dossier épineux des flux migratoires, M. Caïd Essebsi a reconnu que l’Italie, étant donné sa position géographique et le fait qu’elle soit «le point d’accès à l’Europe [pour les pays de la rive méridionale de la Méditerranée, ndlr], se trouve contrainte de payer un prix élevé – en comparaison avec les autres pays européens.»
Rassurant, le chef de l’Etat a indiqué qu’«il n’y a plus de problème de migration clandestine à partir de la Tunisie», ajoutant, cependant, que «le problème persiste pour la région subsaharienne. Là, il faut reconnaître qu’il est impossible de gérer cette question migratoire sans accorder au dossier du développement économique l’intérêt qu’il mérite.»
Poignée de main de Caïd Essebsi et Laura Boldrini, présidente de la Chambre des députés italienne.
Enchaînant sur cette même logique, M. Caïd Essebsi a affirmé qu’«il en est de même pour le phénomène terroriste: [ce danger] ne peut pas être combattu par la seule force des armes. L’Union européenne est appelée à élaborer, avec les pays de la rive sud-méditerranéenne, un projet stratégique global capable de garantir un avenir de paix et de sécurité» pour toute la région.
Pour sa part, le président Mattarella a salué «l’amitié renouvelée et la pleine collaboration unissant les deux pays.» Il a également insisté sur «la centralité de la Méditerranée, un des points principaux inscrits à l’ordre du jour du prochain sommet du G7, qui consolide nos relations», ajoutant qu’aujourd’hui 9 février 2017, six accords seront signés entre la Tunisie et l’Italie, dans les domaines du tourisme, de l’environnement, de l’énergie et de la lutte contre l’immigration clandestine.
Donnez votre avis