Amnesty International (AI) dénonce des dérives de l’état d’urgence en Tunisie, commises au prétexte de la lutte antiterroriste.
Dans un rapport publié le 13 février 2017, l’organisation internationale dénonce «le recours des forces de sécurité tunisiennes aux méthodes brutales du passé, notamment la torture, les arrestations arbitraires, les détentions et la restriction des déplacements des suspects, ainsi que le harcèlement de leurs proches».
AI précise que les autorités ont renforcé les mesures sécuritaires, suite aux attaques terroristes de 2015, et recourent à des lois dites d’exception, «dont beaucoup entrent en contradiction avec les obligations relatives aux droits humains».
Le rapport de l’Ong, qui a fait part de ses préoccupations aux autorités tunisiennes et reçut une réponse écrite du ministère de l’Intérieur en décembre 2016, révèle 23 cas de torture et mauvais traitements, dont des actes de harcèlement et d’intimidation subis par les victimes après leur libération.
Les victimes ont rapporté à AI qu’elles ont été battues «à coups de bâtons et de tuyaux en caoutchouc, maintenues dans des positions douloureuses, notamment celle dite du poulet rôti ou contraintes de rester debout pendant de longues périodes, soumises à des décharges électriques, privées de sommeil et aspergées d’eau glacée».
L’organisation rapporte, par ailleurs, 2 cas de violence sexuelle.
«En donnant toute latitude aux organes chargés de la sécurité pour se comporter comme s’ils étaient au-dessus des lois ne permettra pas de garantir la sécurité», déplore l’Ong.
Le rapport révèle aussi qu’au moins 5.000 personnes sont interdites de voyager, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays, et 138 autres font l’objet d’ordres d’assignation à résidence, restreignant leurs déplacements à des zones désignées.
AI précise, par ailleurs, qu’une dizaine de plaignants sont sous suivi médial pour avoir subi un traumatisme émotionnel et un choc psychologique lors de descentes policières à répétition.
«Certains ont affirmé que le harcèlement permanent les a conduits au bord du suicide», ajoute l’organisation internationale, qui déplore l’impunité dont bénéficient les auteurs des abus policiers.
Y. N.
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