Illustration: « Cointelegraph ».
En supprimant le bitcoin (1), les gouvernements tunisiens post-révolution n’ont rien appris du soulèvement contre l’absence de liberté économique sous l’ancien régime.
Par Marwan Chahla
Telle est l’opinion de Mohamed Jaziri, un entrepreneur en bitcoin et fervent défenseur de cette monnaie cryptographique et de son système de transactions pair-à-pair. Cette semaine, il a fait part au site financier ‘‘Cointelegraph’’ de sa déception face à ce qu’il qualifie d’«entêtement sans fondement» des décideurs tunisiens à priver leurs concitoyens de leur droit de faire usage du bitcoin dans leurs échanges.
Les Tunisiens interdits d’achats sur Amazon et eBay
«La Tunisie est un pays qui applique strictement la règle du contrôle des mouvements de capitaux. Ces derniers temps, notre monnaie nationale n’a cessé de plier sous les pressions inflationnistes et les citoyens n’ont pas le droit de posséder quelque monnaie étrangère que ce soit – ni le dollar, ni l’euro, ni le yen… Ainsi, les Tunisiens ne peuvent pas se rendre sur Amazon ou eBay pour faire leurs achats en ligne. Le bitcoin est donc une opportunité pour les Tunisiens de retrouver leur liberté financière et d’être capables de se prémunir contre l’inflation», confie Mohamed Jaziri au site ‘‘Cointelegraph’’.
Pourtant, l’Etat tunisien continue de rendre la vie impossible aux utilisateurs de bitcoins en s’accrochant à une approche pour le moins nonchalante – sinon obstructionniste.
En novembre 2015, la communauté bitcoin tunisienne a eu une rencontre avec les représentants du gouvernement sur ce dossier de la monnaie cryptographique et la possibilité d’organiser et de réglementer son opération dans le pays. Cette prise de contact n’a rien donné, selon Jaziri, car le gouvernement considère le bitcoin comme une menace et non comme une nouvelle technologie dont il faudrait tirer partie – en particulier les responsables de la Banque centrale qui s’y opposent férocement et pour lesquels le bitcoin est une entrave…
Jaziri se désole face à cette mauvaise volonté des autorités tunisiennes: «Il est vrai qu’ils n’adopteront une loi pour l’interdire, mais ils n’autoriseront aucune entreprise à opérer dans ce domaine. Et j’en sais quelque chose, puisque je l’ai vécu personnellement: j’ai lancé une entreprise de change de ce genre et elle a bien marché, mais j’ai été obligé de fermer boutique à cause des pressions du gouvernement.»
Le bitcoin, ultime recours
Indépendamment du rigorisme gouvernemental et de cette violation du droit à la liberté économique, selon Mohamed Jaziri, les Tunisiens estiment que le bitcoin reste une solution opportune au problème de l’exclusion financière. Plusieurs utilisateurs tunisiens y recourent comme réserve de valeur sûre dans leurs transferts de fonds en tant travailleurs expatriés et pour leurs paris en ligne.
Le prix du bitcoin en Tunisie est à 20 à 30% plus élevé que dans les autres pays du monde, en raison du fait que la monnaie nationale n’est pas une monnaie libre. Par conséquent, les opérateurs bitcoin imposent à leurs clients des frais de 20 à 30% pour compenser le risque que représente la non-convertibilité du dinar tunisien.
«La monnaie cryptographique ne cessera jamais de croître en Tunisie car elle répond à une besoin réel du Tunisien. C’est une absolue nécessité pour ce dernier, pour ses transferts de fonds libres ou pour ces transactions transfrontalières. Il faut se rappeler que les Tunisiens n’ont pas accès aux paiements PayPal, qu’ils avaient droit à Neteller, mais que ce dernier n’est plus disponible… Bref, étant donné la situation actuelle, le bitcoin est le seul recours», conclut Jaziri.
La crypto-monnaie, nouveau marche-pied de l’investisseur débutant
En quelques années, le bitcoin est passé du statut de phénomène de mode à celui de technologie révolutionnaire. Alors que beaucoup n’y voyaient que le premier jet d’une technologie encore mal aboutie, le bitcoin n’a pas cessé de grandir et de faire parler de lui.
De nos jours, ce ne sont plus uniquement les enthousiastes ou les experts qui s’y intéressent. Cette crypto-monnaie est devenue une référence et un symbole autant pour ceux qui cherchent à s’affranchir du système financier classique, que pour ceux qui réalisent que l’investissement en bitcoin est une excellente option pour les investisseurs débutants.
Loin d’être une opération linéaire, l’investissement en bitcoin vous laisse une large variété de possibilités. D’abord, vous pouvez opter pour l’achat de bitcoin auprès d’un opérateur spécialisé. Le problème ici, c’est qu’en fonction de l’opérateur, du pays ou de votre lieu de résidence, vous pourrez être confronté à des obstacles et des interdictions. En Tunisie par exemple, le bitcoin coûte 20% de plus qu’aux Etats-Unis !
Ensuite, vous pouvez décider de devenir mineur en investissant dans l’équipement et les infrastructures nécessaires. Une solution élégante mais relativement coûteuse et chronophage. Enfin, vous pouvez décider de placer votre investissement au sein d’un fonds spécialisé qui se chargera de gérer votre placement.
Note:
(1) Bitcoin (de l’anglais «bit»: unité d’information binaire et «coin»: pièce de monnaie) est une monnaie cryptographique et un système de paiement peer-to-peer (pair-à-pair ou P2P, en anglais) inventés par Satoshi Nakamoto (?), en 2008-2009.
Son unité de compte est le bitcoin, limitée à 21 millions d’unités et divisible jusqu’à la huitième décimale. Toutes les transactions sont vérifiées par les nœuds du réseau et enregistrées dans un registre public infalsifiable appelé «blockchain». Le système fonctionne sans autorité centrale, ni administrateur unique, mais de manière décentralisée grâce au consensus de l’ensemble des nœuds du réseau. Bitcoin est la plus importante monnaie cryptographique décentralisée. (Wikipédia).
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