Lassaad Yacoubi et ses troupes manifestent devant le ministère de l’Education: un coup d’épée dans l’eau.
La crise entre le syndicat des enseignants du secondaire et le ministre de l’Education Neji Jalloul semble s’acheminer vers une solution.
Par Abderrazek Krimi
Des tractations au sein de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT) entre le secrétaire général du syndicat des enseignants et le bureau exécutif de l’organisation syndicale sont engagées afin de trouver une issue à cette crise.
La décision prise par la «rencontre des régions» du syndicat – une instance parallèle à la commission administrative, seule habilitée à prendre une décision de grève – d’observer une grève illimitée dans tous les lycées et collèges de la république à partir du 27 mars 2017, semble se heurter à un refus catégorique du bureau exécutif de l’UGTT, dont l’approbation est nécessaire pour donner une légitimité à une telle décision.
Lassaad Yacoubi, secrétaire général du syndicat de l’enseignement secondaire, et ses camarades semblent être, cette fois, dans l’embarras, car le code du travail stipule que l’avis de grève devant être adressé par l’organisation syndicale au ministère concerné doit l’être dans un délai minimum de 10 jours avant la date fixée pour la grève. Or, cette date butoir a été dépassée hier, vendredi 17 mars 2017, sans que cet avis de grève, qui doit par ailleurs être envoyé au nom du bureau exécutif et non du syndicat de base, ne soit parvenu au ministère de l’Education.
Si le syndicat passe outre ces démarches et si la grève est observée à la date annoncée, celle-ci serait considérée comme illégale et les grévistes et le syndicat encouraient les sanctions prévues par la loi.
Dos au mur, puisqu’il n’est pas certain que les enseignants vont le suivre dans sa guéguerre personnelle contre Neji Jalloul, Lassaad Yacoubi semble mieux disposé à négocier avec le bureau exécutif de l’UGTT une issue qui sauverait la face à un «syndicalisme» qui a perdu les pédales.
Des sources au sein de l’UGTT ont indiqué à Kapitalis qu’il a été convenu que le syndicat de l’enseignement secondaire réunisse à nouveau sa commission administrative pour reformuler ses revendications, en abandonnant celle relative au limogeage du ministre de l’Education.
Cet accord qui sera finalisé, aujourd’hui, dans une réunion avec le secrétaire général de l’UGTT, Noureddine Taboubi, de retour d’une mission en Algérie. Au cours de cette réunion, il sera question de discuter des différents aspects du dossier de l’enseignement pour parvenir à une position unifiée.
Rappelons que sur le plan matériel, les enseignants du secondaire ont vu toutes leurs demandes satisfaites au cours des deux dernières années où Neji Jalloul était aux commandes du ministère.
Les chiffres sont, à cet égard, très parlant, puisque, en moins de deux ans, les salaires mensuels des professeurs de l’enseignement secondaire, toutes catégories confondues, ont augmenté de près de 400 dinars. Une augmentation jamais enregistrée dans l’histoire de l’enseignement en Tunisie, et cela méritait d’être signalé.
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