L’écrivain et professeur universitaire de langue et littérature arabes Taoufik Baccar est décédé, aujourd’hui, lundi 24 avril 2017.
Né le 31 décembre 1927 (91 ans) , il est connu pour avoir contribué à l’émergence de la critique littéraire moderne en Tunisie, il est l’un des fondateurs de l’université tunisienne après l’indépendance en 1956. Feu Baccar a dirigé la collection « Ouyoun Al Moasara » (Sources de la modernité) chez Sud Éditions, à Tunis, et contribué à la traduction en langue française du livre « La genèse de l’oubli » de Mahmoud Messadi, l’écrivain et ancien ministre de l’Éducation nationale de 1958 à 1968.
Accoucheur d’écrivains et critique littéraire parmi les plus influents du monde arabe, feu Baccar a publié chez Sud Editions, au cours des 35 dernières années, des ouvrages proposant des clés de lecture à tous ceux qui veulent s’armer d’outils conceptuels pour décrypter les approches stylistiques des écrivains difficiles d’accès.
«Taoufik Baccar a largement élevé le niveau de la critique littéraire en Tunisie», explique Ramzi Ben Rhouma, cité par nos confrères de « Leaders ». «Il a en effet mis au service de ses analyses plusieurs approches modernes de la linguistique, alors méconnues des Tunisiens. Celle du structuralisme d’abord, qui consiste à appréhender un langage comme un système dont les unités sont interdépendantes. Puis celle, plus récente, de la pragmatique, procédé qui s’attache à déceler les formes de langage qui ne peuvent être comprises qu’en fonction de leur contexte. Ils les a toutes les deux employées comme autant de méthodes de compréhension de la littérature arabe. Avant-gardiste et novateur, Taoufik Baccar ne laissait pas l’usage de ces approches à l’état de concepts obscurs appliqués à la littérature arabe sans perspective globale. Au contraire, «il mêlait la modernité des clés de lecture des écoles occidentales au langage arabe traditionnel pour faire ressortir un sens, un esprit et des analyses littéraires insoupçonnés!», ajoute Ramzi Ben Rhouma.
Feu Baccar sera enterré demain, mardi, à 15 h, au cimetière Al-Jallez de Tunis.
E. B. A.
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