Le trafic des cambistes clandestins à la frontière entre la Tunisie et l’Algérie est en passe de prendre de l’ampleur au vu du flux de touristes dans les deux sens.
Par Mohamed Rahmani, correspondant en Algérie
La commune de Souarekh, dans la wilaya d’El Tarf, à quelque 5 km du poste frontalier d’Oum Teboul, est devenue ces derniers temps le paradis des cambistes clandestins où le dinar tunisien (DT) tient le haut du pavé face à l’euro ou au dollar, qui ne sont plus aussi demandés qu’avant.
Ainsi, ce sont des milliers de dinars tunisiens qui sont échangés au bord de la RN44 où l’on voit des cambistes agitant des liasses de la monnaie tunisienne ou celle algérienne achetant et vendant l’une ou l’autre aux centaines de touristes qui empruntent cette route dans les 2 sens.
Ce trafic a connu une nette progression depuis l’année passée et est en passe de prendre de l’ampleur au vu du flux de touristes tunisiens qui passent par ce poste.
Touristes, «hallabas» et «knatria»
En effet, selon les statistiques établies par les services de la police algérienne des frontières et l’inspection régionale des douanes, 75.000 ressortissants tunisiens sont entrés sur le territoire algérien en 2016 et rien que pour les 4 derniers mois, ils sont plus de 12.000 à avoir franchi les frontières par les postes de Heddada, Ouled Moumen (Wilaya de Souk-Ahras, à proximité de Sakiet Sidi Youssef et Jendouba) ou Oum Teboul et El Ayoun (à proximité de Tabaraka).
Si certains parmi ces touristes tunisiens sont plutôt des «hallabas» (contrebandiers de carburant, appelés «knatria» en Tunisie) dans le sens Algérie-Tunisie, la majorité des touristes tunisiens sont des pères de famille qui passent en général 2 jours principalement les samedis et dimanches pour faire du shopping ou encore des automobilistes à la recherche de pièces détachées pour leurs véhicules.
La ville d’Annaba, toute proche, à quelque 120 km est la plus prisée car on y trouve de tout, vêtements pour femmes, hommes et enfants, ustensiles de cuisine, articles et produits électroniques, démos, téléphones portables à des prix abordables pour les touristes tunisiens bien moins chers que ceux proposés en Tunisie. Le DT s’échangeant au taux de 7.200 à 7.400 dinars algériens (DA), pour 100 DT, le pouvoir d’achat de ces touristes de 2 jours se trouve ainsi relevé et conforté.
Préparatifs des grandes vacances
Pour la pièce détachée, c’est surtout la commune d’El Hadjar (10 km à l’est d’Annaba) qui est visée par les automobilistes, ces derniers y trouvent leur bonheur à des prix plus ou moins accessible pour les petites bouses.
Mais cette situation tend à changer car à mesure que le nombre de touristes tunisiens augmente, le taux de change baisse, l’offre et la demande s’en trouvent affectées, le DT commence à baisser et a atteint, jeudi 11 mai 2017, les 7.000 à 6.800 DA pour 100 DT. Les cambistes clandestins en achètent en grande quantité ces derniers temps profitant de cette baisse pour thésauriser des sommes qu’ils revendraient en été à l’occasion des grandes vacances.
Ce qui est sûr c’est que ce trafic a de beaux jours devant lui au vu l’absence de réaction aussi bien côté des responsables des deux pays voisins, qui tolèrent ce phénomène malgré ses incidences sur leurs économies respectives.
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