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Tataouine et la guerre des populismes

Imed Daïmi et Hamma Hammami: même combat contre l’Etat. 

Les événements de Tataouine sont un révélateur du degré de vulnérabilité des institutions tunisiennes et du visage pathétique d’une certaine classe politique cynique et machiavélique.

Par Salah El-Gharbi

Ainsi, au moment où des agents de l’autorité publique sont lynchés, soumis aux violences d’une foule déchaînée, qui risque de mettre à genoux l’État, des hommes politiques, qui sont censés avoir le sens de l’Etat, n’hésitent pas, sur les ondes des radios, à accabler le gouvernement, en le désignant comme unique responsable de la dégradation de la situation à Tataouine. «C’est la décision présidentielle de faire protéger les sites de production pétrolières et gazières qui est à l’origine de ce mouvement de protestations», disent-ils, à qui veuille les entendre, pour donner une dimension politique à une pitoyable et sordide manipulation.

Les supposées protestations des jeunes d’El-Kamour

Autant l’immobilisme, les maladresses et les tergiversations du pouvoir face à l’escalade de la violence dans le sud du pays nous laissent perplexes, autant les déclarations des responsables de Harak Tounes Al-Irada et celles des ténors du Parti des Travailleurs et du Front populaire nous scandalisent.

Alors que l’UGTT, la centrale syndicale, qui ne peut pas être soupçonnée d’indulgence à l’égard du gouvernement, adopte une attitude nuancée, pourquoi une telle obstination de la part de ces homme politiques à soutenir de manière inconditionnelle les supposées protestations des jeunes d’El-Kamour ?

Il est évident pour la majorité de la population que les tristes événements de Tataouine, qui viennent d’endeuiller une famille, n’ont rien de spontané et n’ont rien à voir avec les aspirations des jeunes de la région à entrer dans la vie active. D’ailleurs, ni Imed Daimi ni Hamma Hammami, pour une fois unis pour le pire, ne sont aussi dupes pour ne pas le savoir.

En fait, derrière les incantations de certains des ténors de l’opposition, qui appellent à renverser le gouvernement et à organiser des élections anticipées, il n’y aurait que de pâles postures politiques qui trahissent, une fois de plus, le degré d’immaturité politique et un sens assez ténu de la responsabilité qui caractérisent leurs actions.

Avec les troubles d’El-Kamour, on assiste à l’alliance incongrue entre deux populismes, ceux des deux extrêmes, qui n’auraient d’autre ambition pour le pays que l’anarchie ni d’autres projets que de fragiliser l’État, laminer ses institutions et décréditer ses agents, et ce, dans l’espoir de se constituer comme une alternative.

La foule n’est pas le peuple

Tout en sachant que la situation des jeunes de Tataouine n’est pas plus calamiteuse que celle des jeunes d’autres régions sinistrées du pays et que lesdites protestations cachent d’autres motivations plus sournoises, ces hommes politiques persistent en prenant le risque de se retrouver du même bord, objectivement complices des contrebandiers et des projets terroristes, les ennemis jurés de la stabilité et de l’ordre.

Faute de projet politique crédible, ces agitateurs de vieux discours n’ont en réalité qu’un seul objectif, celui de solliciter les faveurs de la foule surexcitée.

Mais, ce que ces apprentis sorciers de la politique ignorent, c’est que la foule n’est pas le peuple. La majorité silencieuse des Tunisiens, même s’ils continuent à fustiger l’incapacité de l’État à agir et à réagir, est loin de se laisser bercer par ces discours démagogiques qui se nourrissent de dépit et de haine à l’égard de l’État.
Quand Tataouine retrouvera bientôt son calme, on saura pertinemment que la vérité est plus complexe que ce que ces discours malveillants ne veuillent nous dire, que le slogan selon lequel «la Tunisie a une civilisation vieille de trois mille ans» est à nuancer, et que la perception que certains de nos concitoyens ont de l’État reste, pour des raisons culturelles et historiques, assez ambiguë, voire préoccupante.

Le déchaînement d’une violence inouïe sur les réseaux sociaux d’une certaine jeunesse contre l’Etat ne peut que nous interpeller. Alors, ce serait aux responsables politiques d’être à l’écoute de cette colère mal formulée, de remédier à certaines carences et d’œuvrer, ainsi, à dissiper les méfiances et à renforcer chez tout un chacun le sentiment d’appartenir à la communauté nationale.

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