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Nidaa Tounes : Chronique d’une tempête annoncée

Hafedh Caid Essebsi / Sofiene Toubel / Chafik Jarraya.

L’arrestation du baron de la corruption Chafik Jarraya risque de provoquer une tempête au sein de Nidaa Tounes, le parti au pouvoir.

Par Abderrazek Krimi

L’arrestation, la semaine dernière, de Chafik Jarraya, risque de faire tomber des têtes au sein du parti au pouvoir, Nidaa Tounes, dont ce baron de la contrebande et de la corruption est l’un des financiers. La barque du parti, qui tangue déjà dangereusement depuis deux ans, risque cette fois de couler pour de bon.

Le parti, supposé être un fer de lance dans la lutte contre la corruption, priorité du gouvernement d’union nationale conduit par l’un de ses dirigeants, Youssef Chahed, est lui-même gangrené par ce fléau, se laissant infiltrer par des personnes interlopes, pas très fréquentables et, surtout, très solubles dans l’argent… sale.

Les hommes liges de Jarraya

Nidaa Tounes a, certes, rendu public un communiqué où, plus sous la pression de l’opinion que par conviction, il affirme son soutien à la guerre lancée par M. Chahed contre les barons de la corruption et de la contrebande, mais on sentait beaucoup de gêne (et le mot est faible) parmi ses dirigeants et ses députés actuels, dont beaucoup frayaient avec Chafik Jarraya et émargeaient sur ses générosités.

Cette gêne a poussé certains anciens dirigeants de Nidaa Tounes, contraints à la démission par la dérive mafieuse du parti, à l’instar de Lazhar Akremi, à crever l’abcès et à désigner nommément l’un des dirigeants actuels du parti, Sofiene Toubel, le président du bloc parlementaire de Nidaa, comme étant l’un des obligés de Chafik Jarraya et son homme lige à Nidaa et à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP).

Des députés, pour la plupart démissionnaires de Nidaa, ont remué le couteau dans la plaie, en annonçant qu’ils renonçaient à leur immunité, une manière d’inciter la justice à étendre ses investigations à la sphère parlementaire, accusant ainsi, indirectement, certains de leurs collègues d’être impliqués avec les barons de la corruption et de recevoir des pots de vin contre des services rendus à ces derniers.

Une réunion d’urgence

C’est dans ce contexte pour le moins trouble que la direction du parti a convoqué son comité politique et ses députés à une réunion d’urgence, qui s’est tenue dimanche soir dans un restaurant de Tunis.

Selon Mongi Harbaoui, député ayant pris publiquement la défense de Chafik Jarraya, la réunion devait «apporter une réponse à la campagne menée par des partie hostiles aux choix patriotiques et réformistes du parti et de son bloc parlementaire», ajoutant que Nidaa Tounes saura prendre les mesures nécessaires pour mettre fin à cette campagne «immorale».

Ohé honnête gens, vous allez voir ce que vous allez entendre !

Il est à noter, par ailleurs, que Hafedh Caïd Essebsi, le directeur exécutif autoproclamé du parti, qui était la semaine dernière en voyage en Chine, accompagné de l’inévitable Sofiane Toubel, est rentré à Tunis. Il n’a pas encore réagi publiquement à ce qui s’est passé en son absence mais la question est de savoir s’il serait capable d’intervenir en faveur de son ami Chafik Jarraya, qui comparaît aujourd’hui devant le juge d’instruction du tribunal militaire pour répondre à de très graves accusations, et de son protégé Sofiane Toubel, qui risque, lui aussi, d’être au cœur des investigations sur les réseaux de la corruption.

Du spectacle de grand guignol en vue, comme nous en ont habitués les dirigeants de Nidaa Tounes.

 

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