Poignée de main de Marzouki avec son bailleur de fonds, l’émir du Qatar.
Une fois n’est pas coutume, Moncef Marzouki se félicite de la position du gouvernement tunisien, dont il apprécie la neutralité dans la nouvelle crise du Golfe.
Par Abderrazek Krimi
La crise entre le Qatar d’une part, et les pays du Golfe, l’Egypte et plusieurs autres pays arabes et musulmans a secoué la scène politique dans la région, notamment les partis relevant de l’organisation des Frères musulmans, dont le Qatar est le principal soutien et pourvoyeur de fonds.
La crise a secoué aussi certains autres partis prétendument séculiers, mais qui ont intégré la galaxie qatarie, attirés par les pétrodollars, comme le Harak Tounes Al-Irada, fondé et dirigé par l’ex-président de la république par intérim, Moncef Marzouki.
Marzouki crie au complot
Hostiles au gouvernement en place, depuis leur éviction du pouvoir par les urnes en 2014, défaite qu’ils n’ont du reste jamais digérée, Moncef Marzouki et ses partisans, en majorité issus de la mouvance islamiste et «prêtés» par Ennahdha, à l’instar d’Imed Daïmi, Slim Ben Hmidane, Sihem Badi et autres Abdelwahab Maatar, n’ont jamais cessé d’adresser des critiques virulentes aux gouvernements qui se sont succédé depuis cette date.
Cependant, la crise opposant le Qatar aux autres monarchies du Golfe semble avoir changé la donne, du moins momentanément. Avocat autoproclamé de ce mini-Etat, Moncef Marzouki a vite crié au complot contre un pays considéré à ses yeux comme un «fervent défenseur de la démocratie dans le monde arabe» et comme un «soutien indéfectible de la cause des droits de l’Homme». Ce qui, bien entendu, reste à démontrer, puisqu’au Qatar même, il n’y a ni démocratie ni droits de l’homme, mais M. Marzouki ne s’encombre pas de ces détails. L’essentiel, à ses yeux, est que l’émir paye et rémunère généreusement ses agents…
Volant au secours de ses bienfaiteurs – on ne peut l’accuser de n’avoir pas la reconnaissance du ventre –, le président du Harak a exhorté les pays arabes ayant rompu leurs relations diplomatiques avec le Qatar à revoir leur position.
Il s’est même félicité, une fois n’est pas coutume, de la position tunisienne, dont il a apprécié la neutralité.
Dans un communiqué publié, jeudi 8 juin 2017, le parti de Marzouki a, en effet, exprimé «son soutien à la position prise par le gouvernement tunisien qui s’est gardé de s’aligner sur la position saoudienne et de rompre ses relations avec le Qatar».
Jugeant «injuste» le blocus imposé au Qatar, le communiqué a aussi salué la position souveraine de la Tunisie et son appel au dialogue entre les différentes parties, considéré comme seul moyen de résoudre le conflit.
Touche pas à mon Qatar !
Considérant que le Qatar représente le «front de la lutte pour la démocratie et le principal soutien à la révolution et à la résistance dans le monde arabe» (sic !), le communiqué du Harak a mis en garde les pays arabes contre «toute escalade non calculée» qui aura des conséquences négatives sur la région tout entière.
Que le Qatar ait établi, depuis plusieurs années, des relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël, qu’il réprime les libertés et les droits à l’intérieur de ses frontières et qu’il ne cesse de fomenter des crises et des guerres civiles dans les autres pays arabes (comme la Syrie, la Libye et même la Tunisie) ne dérange pas outre mesure l’ancien militant droits-de-l’hommiste et ses partisans qui, dans leur communiqué, considèrent que les régimes arabes ayant rompu leur relation avec le Qatar sont «hostiles à la démocratie et ont établi des alliances avec l’Etat sioniste». oh, les vilains!
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