C’est la guerre des déclarations entre Moez Ben Gharbia, directeur général de la chaîne Attessia TV, et Hassen Zargouni, directeur de Sigma Conseil. Ambiance…
Par Hassen Mzoughi
Les échanges houleux par médias interposés ont commencé lorsque Moez Ben Gharbia a contesté les chiffres d’audience avancés par le cabinet Sigma Conseil et le classement d’audience qu’il a établi des chaînes de télévision tunisiennes et des émissions les plus populaires durant la première semaine de ramadan, les qualifiant «d’erronés et complaisants». «Il a déjà menti sur plusieurs chiffres concernent l’élection de l’Assemblée nationale constituante de 2011, les législatives de 2014 et d’autres sondages», a-t-il ajouté.
La vérité sur Sigma et son patron
Hassen Zargouni a répliqué en affirmant, sur le ton de l’ironie, que les résultats du sondage en question renvoient à «ceux qui les contestent l’image de leur échec».
La réplique de Moez Ben Gharbia n’a pas tardé: «Nous préparons un dossier que nous transmettrons à la justice. Aucune partie ne peut protéger Hassen Zargouni et personne n’est au-dessus de la loi. Attessia TV prépare aussi un documentaire pour révéler la vérité sur le patron de Sigma Conseil.»
A noter que les résultats des sondages déterminent les enveloppes publicitaires consacrées par les annonceurs à chacune des chaînes de télévision et ces derniers obéissent, généralement, à la loi des taux d’audience pour répartir leur budget publicitaire. Suivez mon regard !!
Par ailleurs, et dans un post publié vendredi 16 juin 2017, sur sa page Facebook, l’islamologue et professeur à l’Université de Sousse, Dr Neila Sellini, s’est invitée dans la polémique en évoquant le sondage réalisé, en 2001, par Sigma Conseil, sur «la liberté des femmes dans le monde arabo-musulman», à la demande du Programme des nations unis pour le développement (PNUD), qui en rejeté les résultats, jugés «complètement délirants» et «imaginaires».
Des sondages manipulés et manipulateurs
D’autre part, plusieurs partis politiques ont déjà contesté les sondages d’opinion de Sigma, à l’instar de Nidaa Tounes, de l’Union patriotique libre (UPL) ou du Machrou.
En janvier 2017, Slim Riahi a déclaré que «les résultats des sondages sont manipulés dans la mesure où il s’agit d’actions… commandées et prépayées».
En février 2017, le membre du Comité de direction de Nidaa Tounes, Ridha Belhadj a mis en doute la crédibilité des sondages effectués par Hassen Zargouni, qui, selon lui, «n’est pas neutre puisqu’il est devenu un acteur de la scène politico-médiatique», par allusion à son omniprésence sur les plateaux de télévision et à sa proximité tapageuse de certains dirigeants politiques. Ridha Belhaj estime que le classement de popularité des partis et des hommes politiques publiés dans le baromètre politique périodique de Sigma sont faux et orientés et destinés à manipuler l’opinion.
En d’autres termes, si elle a un intérêt, cette polémique doit susciter un débat national sur la nécessité et les moyens de réorganiser ce secteur et de réglementer le travail des cabinets de sondage pour éviter que n’importe qui fasse n’importe quoi, les enjeux étant énormes, sur les plans aussi bien financier que… politique.
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