La jeune chanteuse et compositrice syrienne Faia Younan s’est produite, samedi 15 juillet 2017, sur la scène du théâtre romain de Carthage.
Par Fawz Ben Ali
Dans sa 53e édition, qui s’est voulue très éclectique, le Festival international de Carthage a misé sur les jeunes talents tunisiens et arabes, et particulièrement sur des voix féminines d’exception, comme Lena Chamamyan, Emel Mathlouthi ou Faia Younana.
Après un concert à guichet fermé à la salle le Colisée à Tunis en janvier dernier, la Syrienne revient confirmer sa popularité auprès du public tunisien, qui a répondu massivement présent. Il faut dire que la Tunisie occupe une place particulière dans le cœur de la jeune chanteuse, un amour qu’elle traduit bien dans sa chanson ‘‘Nouhebbou al-bilada’’ où elle reprend les célèbres vers de notre poète national Sghaier Ouled Ahmed. Une chanson qu’elle a évidemment reprise samedi soir avec beaucoup d’émotion, et qu’elle a dédiée à la mémoire du grand poète, et à sa femme et sa fille présentes dans le public.
Sur les pas des grandes chanteuses
Âgée d’à peine 25 ans, Faia Younan a déjà sillonné les plus grandes scènes arabes à la rencontre d’un public qui ne cesse de s’élargir depuis qu’elle avait diffusé la vidéo ‘‘Li biledi’’ sur Youtube accompagnée de sa sœur, des textes dits et d’autres chantés, avec des reprises de Fairouz, évoquant les pays arabes meurtris par la guerre et le terrorisme.
Le succès était tellement grand que les internautes se sont engagés à financer le premier album de la jeune artiste qui a vu dès lors sa passion de chanter la conduire vers une grande carrière.
Ayant grandi en Europe, Faia Younan, qui était née à Alep, a toujours porté son pays natal dans son cœur, chose qui résonne distinctement dans son premier disque à fort succès.
En effet, Faia Younan chante essentiellement des chansons engagées où la Syrie est mise à l’honneur, et où la lutte pour la paix demeure son sujet de prédilection.
Ce sont des textes en arabe littéraire ou en dialecte syrien portés par une voix puissante et soutenue qui a su très vite s’imposer comme la nouvelle figure prometteuse du paysage musical actuel, choisissant de suivre les pas des grandes dames de la chanson arabe comme Majda Roumi ou Julia Boutros, plutôt que de se fondre dans la masse de la tendance commerciale.
Aussi jeune soit-elle, Faia Younan dégage une grande maturité artistique, et ce soir-là, à Carthage, le public fut charmé par sa voix et son charisme.
La vie continue malgré tout
Elle nous a ainsi fait découvrir les perles de son premier album comme ‘‘Li fi halab’’, ‘‘Ouhebbou yadayka’’, ‘‘Mawtini’’ et dont certains titres sont ses propres compositions comme ‘‘Ya laytahou Yaalam’’, ‘‘Fi al tariki’’, ‘‘Tazannar bi itri’’…
Comme son répertoire n’est pas encore très riche, la jeune artiste a étoffé son concert de quelques reprises, notamment de Majda Roumi, mais aussi de deux chansons tunisiennes populaires, au grand bonheur de ses fans en Tunisie. Ainsi, elle a pris un grand plaisir à revisiter ‘‘Hobbi yeybadel yetjaded’’ de Hedi Jouini et ‘‘Ritek ma naaref win’’ de Lotfi Bouchnaq, et ce, avec un accent tunisien bien maîtrisé.
Très rattachée à son pays natal et fortement touchée par ce qui s’y passe, Faia Younan a souhaité chanter ‘‘Zanoubia’’ en hommage à la légendaire reine Zénobie, dont la sculpture avait été massacrée à Palmyre, par l’Etat islamique (Daech). «Ils peuvent détruire les pierres mais ils ne pourront jamais toucher à notre mémoire et à notre civilisation», a-t-elle lancé.
Faia Younan a tout de même tenu à conclure la soirée sur une note joyeuse en interprétant à sa manière les chants traditionnels des mariages syriens, pour ainsi dire que la vie continue malgré tout.
Faia Younan est une artiste qui a connu la célébrité de manière très rapide, mais elle gardera certes longtemps une place privilégiée parmi les grands noms de la musique arabe engagée.
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