«La Tunisie ne souffre pas d’un problème de chômage mais d’un problème d’employabilité», dixit Faouzi Abderrahmane
Par Khemaies Krimi
La première édition des Journées nationales de l’emploi s’est déroulée les 19 et 20 septembre 2017, à la Maison de l’Entreprise, aux Berges du Lac de Tunis. Objectif: mettre en contact des demandeurs d’emploi avec des employeurs.
Quelque 500 emplois offerts par une trentaine d’entreprises opérant pour la plupart dans les services ont été présentés à des jeunes postulants à un emploi dans le cadre de cette manifestation organisée par Toumouh Job center, filiale de l’Institut arabe des chefs d’entreprises (IACE) soutenue financièrement par l’Agence de coopération internationale allemande (GIZ).
Aplanir les difficultés d’insertion professionnelle
L’intermédiation de Toumouh Job center, en sa qualité de représentante de la société civile implantée dans 3 gouvernorats du centre-ouest (Kairouan, Sidi Bouzid, Gafsa), a été retenue sur la base d’une étude qui a confirmé l’utilité d’un trait d’union entre les chômeurs et les entreprises.
L’ultime but étant «l’amélioration de la qualité de l’insertion professionnelle à travers le conseil, l’accompagnement et l’optimisation du matching entre les compétences existantes sur le marché et les besoins des entreprises».
Faouzi Abderrahmane, fraîchement nommé ministre de l’Emploi et de la Formation professionnelle dans le gouvernement Chahed II, a ouvert ces journées en compagnie d’Ahmed Bouzguenda et Majdi Hassen, respectivement, président et directeur exécutif de l’IACE.
Le ministre, apparemment très à l’aise dans son nouveau poste, a visité les stands des exposants pour s’enquérir des besoins réels des entreprises et des préoccupations des demandeurs d’emploi.
Valoriser la formation professionnelle
Lors d’un point de presse, le ministre a indiqué que son approche de la formation professionnelle et de l’emploi s’inscrit dans la continuité du processus engagé par son prédécesseur Imed Hammami, en vue de mettre au point, d’ici une année, une stratégie nationale pour «l’emploi décent dans une économie structurée».
Faouzi Abderrahmane a ajouté qu’un consensus sur le diagnostic de la problématique de l’emploi a été dégagé. Toutes les parties concernées sont persuadées que «la Tunisie ne souffre pas d’un problème de chômage mais plutôt d’un problème d’employabilité».
Il a révélé, à ce propos, que le taux d’insertion des promus des 137 centres de formation professionnelle que compte le pays dans le marché de l’emploi est de loin supérieur à celui des diplômés de l’enseignement supérieur.
Il a aussi précisé que sur les 120.000 nouveaux demandeurs d’emploi qui arrivent, chaque année, sur le marché de travail, 50.000 environ sont satisfaits grâce aux centres de formation professionnelle sectoriels ou régionaux.
Dans cette perspective, il a fait savoir que l’action de son département sera articulée autour de 3 axes.
Dans un premier temps, il s’agit de valoriser la formation professionnelle et de mettre fin au discours réducteur tenu à l’endroit de ce type de formation confondue arbitrairement à une sous-formation et à l’échec scolaire.
Mieux lutter contre l’emploi précaire
Dans un second temps, il s’agit de tout faire pour réduire le taux de chômage, actuellement autour de 15% de la population active, et de l’emploi précaire, une revendication majeure de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT).
Dans un troisième temps, l’accent sera mis sur la contribution à la croissance à travers l’encouragement de l’initiative privée (création de micro-entreprises, travail indépendant, lancement de petits métiers…).
In fine, abstraction faite de l’excellente organisation de ces journées et du discours du ministre qui demeure, ne l’oublions pas, tendanciel, nous ne pouvons pas nous interdire de relever une incohérence, voire une contradiction manifeste : la plupart des entreprises exposantes opèrent dans la grande distribution, un secteur qui s’est forgé la sinistre réputation d’être champion en matière d’emploi précaire, et ce, au moment où la stratégie nationale de l’emploi (SNE) incite à la création d’emplois décents permanents dans une économie structurée. Comme quoi, il y a toujours un hic…
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