Recep Tayyip Erdogan s’est comporté, lors de sa visite en Tunisie, comme un souverain ottoman venu contrôler la suzeraineté d’une de ses provinces vassales.
Par Tarak Arfaoui *
Je ne trouve pas les mots pour qualifier le comportement du président turc au premier jour de son voyage officiel en Tunisie, hier, mercredi 27 décembre 2017.
Invité d’un pays souverain et reçu en tant que tel avec tous les honneurs inhérents à sa stature de chef d’Etat, il ne s’est pas privé de se comporter dans notre vénérable Tunisie comme un souverain venant contrôler la suzeraineté d’une de ses provinces vassales en mettant en avance devant les caméras ses profondes convictions politiques, arborant fièrement avec la main le signes de «Rabia», emblème reconnu de par le monde de la confrérie des Frères musulmans.
M. Erdogan bouscule tous les codes diplomatiques
Libre à lui d’avoir des convictions politiques aussi rétrogrades soient elles mais ce n’est pas devant le perron du palais de Carthage, haut lieu de notre souveraineté, qu’il devait les exposer.
Cette arrogance, pour ne pas dire autre chose pour rester dans les limites de la décence, est à mon avis un message sans équivoque à tous les Tunisiens pour leur signifier d’une part le peu de respect que cet individu leur porte et d’autre part un signe de reconnaissance et d’appui pour ses nombreux valets en Tunisie qui se reconnaîtront.
L’arrogance de M. Erdogan ne s’est pas arrêtée à ce seul geste. Il a bousculé tous les codes diplomatiques au cours de sa brève visite, se montrant omnipotent, hautain et irrespectueux envers nos institutions.
Nostalgique de la dynastie ottomane qu’il rêve de ressusciter, son comportement était celui d’un souverain ottoman venant donner le firman à ses favoris. La dynastie ottomane qui a colonisé la Tunisie 4 siècles durant a certes laissé des traces ethniques, politiques et culturelles dans notre pays, comme tous les autres colonisateurs, phéniciens, romains, byzantins, arabes, espagnols et français.
Cela a, en fin de compte, façonné notre identité si particulière et nous n’avons jamais renié notre riche passé qui a marqué notre présent et qui fait notre «tunisianité».
Un dictateur au service du jihad
Monsieur le président «Arrogan», regagnez vite votre Turquie et laissez-nous tranquilles. Le peuple tunisien n’a de leçons à prendre de personne et n’a pas besoin de suivre le modèle de personne.
Nous n’avons pas la mémoire courte et nous ne vous pardonnerons pas pour avoir tout fait pour déstabiliser notre pays et le renvoyer au moyen âge, pour avoir organisé toute la logistique nécessaire pour embrigader nos enfants en les transformant en chaire à canons pour vos projets rétrogrades, et pour n’avoir pas cessé d’encourager en sous-main toutes les forces rétrogrades dans notre pays.
Occupez-vous tant que vous avez encore le temps à bien asseoir votre dictature dans votre pays, à bâillonner vos opposants et à réprimer sauvagement, selon la tradition ottomane sanguinaire, les forces progressistes et les esprits libres de votre pays.
M. l’arrogant vous n’êtes pas le bienvenu en Tunisie.
* Médecin de libre pratique.
Tunisie : Erdogan fait le signe de Rabia au Palais de Carthage
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