Sarra (c’est son pseudo) dit avoir été violée par un Tunisien et un Algérien à Nabeul. Elle craint de porter plainte et de se faire incarcérer sur la base de la l’article 230 du code pénal tunisien qui interdit la sodomie.
Sarra est en réalité un jeune homme de 28 ans, mais qui rejette son identité sexuelle de naissance. Elle a confié à Kapitalis avoir été violée, la semaine dernière, au cours d’une soirée, à Nabeul, par Seif (le Tunisien) et Hamid (l’Algérien), qu’elle a connu par le biais d’une amie.
Selon son récit, elle a d’abord subi des violences physiques et des insultes de tous genres, avant d’être obligée de se soumettre à des actes sexuels d’une rare saleté, dit-elle, en précisant avoir été utilisée comme une esclave sexuelle. Ses 2 agresseurs l’ont ensuite violée à tour de rôle.
En rentrant à la maison, elle a raconté à sa maman, qui ignore qu’elle est transgenre, avoir été braquée pour expliquer les contusions et les blessures sur son visage. Elle a également pris un congé de 2 semaines parce qu’elle déprime et ne peut pas travailler.
Sarra explique qu’elle ne peut pas porter plainte de peur de se faire arrêter, comme cela s’est déjà produit par le passé, notamment pour l’infirmier de 25 ans, qui a porté plainte pour viol et a été arrêté, il y a une dizaine de jours, pour homosexualité : le test anal, qui a prouvé l’agression sexuelle , a également révélé son habitude à la pédérastie.
«La loi censée nous protéger nous met dans ce cas là en danger et l’on peut passer de victime à prévenu. Je peux éviter de me retrouver en prison, où mon calvaire pourrait se poursuivre. Je préfère rester libre car, malgré tout, je veux construire ma vie», raconte la victime présumée, en ajoutant qu’elle suit un traitement hormonal et travaille pour mettre de l’argent de côté et se faire opérer un jour. En attendant, elle ne s’habille en femme que durant les soirées privées et camoufle sa poitrine naissante avec des bandages et en portant des vêtements amples.
«Je ne cherche pas de relation sexuelle, je cherche à devenir moi-même, à vivre librement comme une femme, c’est ainsi que je suis et que je me sens exister. Et je souffre d’être obligée d’assumer mon sexe de naissance au quotidien et de vivre comme dans la peau d’un autre», dit-elle, en assurant qu’elle finira probablement par déménager et vivre à Tunis, où elle s’installera avec une amie pour recommencer sa vie.
En attendant, elle essaie d’oublier sa mésaventure et maudit ceux qui ont abusé d’elle sans aucun respect. Elle estime que ses violeurs pensent que les transgenres sont des gens légers portés sur le sexe, voire même vicieux, et n’ont pas compris que c’est un rejet du sexe de naissance et du mode de vie qui y est lié. «Rien ne justifie que l’on torture une personne et qu’on l’oblige à avoir des rapports sexuels», a-t-il conclu.
Yüsra Nemlaghi
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