Eloge funèbre de l’une des figures de la gauche tunisienne, Salah Zeghidi, qui vient de nous quitter aujourd’hui, lundi 2 avril 2018.
Par Mohamed Sadok Lejri *
Salah Zeghidi s’en est allé. On ne peut qu’éprouver une certaine nostalgie en pensant à ce personnage haut en couleur qui nous renvoie à la Tunisie cosmopolite, laïque et pluriconfessionnelle des années 60.
Salah Zeghidi me paraît être le rebelle tunisien emblématique de la génération de Mai 68. C’était un révolté qui défendait la liberté, la justice et la vérité et quel qu’en soit le prix. C’est un homme qui a consacré sa vie au militantisme.
Salah Zeghidi ne voulait pas conquérir le pouvoir pour instaurer un ordre. Il ne voulait pas renverser Bourguiba ou Ben Ali pour devenir président à la place du président. Il voulait la liberté et affranchir la société tunisienne de l’oppression politique, religieuse et identitaire.
On dit que le révolté-révolutionnaire d’aujourd’hui est le réactionnaire de demain, Salah Zeghidi est resté fidèle à ses idéaux de jeunesse et les a défendus jusqu’à son dernier soupir.
Les Tunisiens de sa génération ne l’ont pas vu vieillir, c’était un peu l’«éternel jeune» qui célébrait sans cesse la liberté, un hédoniste qui n’hésitait pas à provoquer le conservatisme des Tunisiens par son insolence et son discours iconoclaste.
Salah Zeghidi était un homme rebelle et intègre. Son penchant naturel pour la révolte n’avait d’égal que la sincérité et l’ardeur passionnée de son combat.
Je regrette amèrement qu’à cause de la dictature, les gens de mon âge n’ont pu profiter pleinement de cet illustre personnage.
Repose en paix, Si Salah, le combat n’aura plus jamais le même goût sans toi.
* Universitaire.
Tunisie-Salah Zeghidi n’est plus : La gauche laïque en deuil
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